C’est l’histoire d’une bâtisse implantée dans une jolie campagne italienne, comme une toile de fond pittoresque, réussissant à faire le lien entre beauté de la nature et mode de vie durable. L’objectif des architectes Carlo Ratti Associati était clair: rénover et agrandir une ferme pour créer une habitation qui estompe les frontières entre ce qui est naturel et ce qui est issu de la main de l’homme.
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Une ode à la végétation
Dans ce cadre, un élément imposé: un ficus de 10 mètres de haut, baptisé Alma, choisi pour sa symbolique de sagesse, de bien-être et d’éternité, mais aussi pour son adaptabilité aux environnements intérieurs. Partie intégrante du projet The Greenary, l’arbre se dresse dans l’espace de vie, une présence établissant une liaison avec le végétal et diffusant tranquillité et beauté.
L’architecte Carlo Ratti, en collaboration avec son confrère Italo Rota, raconte comment ils se sont ingéniés à réaliser cette inclusion: « Notre réflexion s’est organisée par étapes. Tout d’abord, comment donner vie à un espace où la flore et la faune relient l’extérieur et l’intérieur? Réponse: grâce à un dispositif transparent. Comment le mettre en place? Nous avons fait appel aux moyens traditionnels pour obtenir une continuité visuelle, soit avec des baies vitrées qui font entrer le paysage à l’intérieur, mais nous avons également abaissé le plancher d’un mètre. Cela permet que la prairie soit au niveau des yeux des résidents une fois ceux-ci assis à table. Une manière de maximiser la connexion. »
L’attachement profond de Francesco Mutti aux paysages italiens a motivé la transformation de cette ferme: « Vivre en harmonie avec la nature et pouvoir apprécier sa beauté est essentiel pour moi. Les architectes ont partagé cette vision et ont cherché à concevoir un bâtiment qui permette un mode de vie respectueux de l’environnement. »
Pour ce projet, ils ont innové en utilisant, notamment, de la terre et de la résine pour réaliser les sols. Cette expérience, qui illustre une conception circulaire, s’inscrit dans le prolongement du précédent chantier de l’agence Carlo Ratti Associati, le pavillon italien de l’Expo 2020, à Dubai, dans lequel de l’écorce d’orange et du marc de café avaient été introduits dans le processus de construction…
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Une durabilité primordiale
Sur 2,5 hectares, The Greenary comprend une structure résidentielle principale ainsi qu’un grenier converti en espace de travail. Le paysagiste Paolo Pejrone a cultivé le jardin, soucieux de protéger la biodiversité. Tout en préservant l’esthétique de la ferme, le projet a opté pour des murs blancs complétés par de l’acier Corten, des briques et des résines naturelles rappelant le terroir.
L’implantation d’Alma dans la bâtisse a représenté un défi de taille. « Transplanter un arbre de 10 mètres de haut à l’intérieur d’une maison n’est pas une mince affaire! Heureusement, nous avons travaillé avec des consultants en ingénierie expérimentés », précise le maître d’oeuvre.
Des briques provenant de fermes locales ont été préservées et habilement intégrées dans la maçonnerie, honorant ainsi le patrimoine régional. En outre, le bâtiment fonctionne à l’énergie géothermique, un autre choix en faveur d’un mode de vie durable. Et même si des compromis se sont révélés inévitables afin de conserver un certain confort.
Le point de vue de Carlo Ratti sur l’état d’esprit de Carlo Scarpa a évolué. Il n’y a plus à trancher entre l’arbre et la maison dès lors que les avancées technologiques permettent de faire « fusionner » les deux, de manière fluide et quasi invisible.
The Greenary témoigne de la possibilité, par une approche respectueuse, d’implanter l’architecture dans la nature, et inversement, transformant les mots de Carlo Scarpa en réalité tangible.
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