Plus de 200 m2 dans un bel immeuble Art déco dominant la Défense et un grand parc, telle est la surface que Nancy Geernaert a réactualisée en jouant la carte de l’authenticité. « Nous n’avons pas cherché à redessiner l’espace, explique la jeune femme, car les volumes de base étaient généreux et la circulation excellente. J’ai seulement veillé à donner un caractère plus juste au lieu par rapport à l’année de construction de l’immeuble en ajoutant des éléments un peu rétro comme des carreaux de ciment, une baignoire vintage dans la salle de bains et des interrupteurs et poignées de porte en porcelaine. »
Parquet de chêne en point de Hongrie, murs blancs jouant avec d’autres aux couleurs sourdes et belle lumière concourent ici à la sérénité générale. « Il s’agissait de créer un espace où l’on se sente immédiatement chez soi, reprend l’architecte d’intérieur, c’est-à-dire quelque chose qui ne soit pas guindé, qui évolue avec le temps, qui raconte une histoire, qui possède une âme et qui exprime l’harmonie, quel que soit le budget. »
Pari gagné, cette réalisation vivante et personnelle a bénéficié d’une subtile direction artistique combinant icônes du design et mobilier accessible avec des objets d’art et des photographies (Michael Eastman, Arnaud Pyvka, Grégory Abou…), une des passions des maîtres des lieux mais aussi de la décoratrice. Si cette dernière aime jouer avec les époques, elle réalise, depuis la création de son agence, des espaces desquels ressortent une unité et un minimalisme chaleureux. « J’aime mixer l’intemporalité flamande avec la simplicité scandinave, le chic italien avec la décontraction parisienne, ce qui se traduit par un équilibre entre luxe et confort, notamment grâce au choix des matériaux, explique-t-elle. Et si, le plus souvent, on me donne carte blanche pour concevoir ou rénover un lieu, c’est le plus souvent pour peaufiner sa personnalisation, en faire un espace de vie épuré sans être ennuyeux, dans l’air du temps sans être éphémère. »
Son inspiration, Nancy Geernaert la puise surtout dans le quotidien : « Mon travail est très intuitif, très empirique, il est lié au regard que je porte sur la vie. En Flandre, j’ai grandi dans une famille d’entrepreneurs et d’architectes. S’investir dans son lieu de vie n’est pas une option mais presque une religion : c’est ce qu’on appelle la Flemish Touch. J’ai également la chance d’être mère de plusieurs enfants. Cette situation favorise la réflexion en matière d’habitat : il faut répondre à des besoins. Ma propre expérience a toujours nourri mon travail. »
Si ses matériaux de prédilection sont le béton ciré, le chêne brut et le bois peint, elle affectionne les tons sourds : gris, bleu, gris-vert, et le mobilier des années 50 à aujourd’hui. La preuve à travers les pièces de design qui meublent l’appartement : le fauteuil Margherita de Franco Albini, la commode et le buffet de Cees Braakman pour Pastoe ou les fauteuils Circle attribués à Yngve Ekström. Après avoir travaillé vingt ans dans la publicité en tant que directrice de clientèle, chez Euro RSCG, Nancy Geernaert a créé son agence Just’in, en 2008, après une formation en design d’espace. Aujourd’hui, elle collabore avec Constance Oules, diplômée de l’Essec, et Alice Lacherez qui a fait l’École supérieure des arts Saint-Luc Tournai, en Belgique. Trois jeunes femmes talentueuses qui font planer sur les espaces qu’elles créent un charme très contemporain.