Après une dizaine d’années passées à New York, Federico, photographe, et Giulia, gestionnaire de fonds d’investissement dans le domaine de l’art, souhaitaient que leur retour en Italie s’épanouisse dans un logement qui reflète leur parcours personnel et professionnel. Un lieu capable d’accueillir et de stimuler leur vie de famille en perpétuel mouvement. C’est au cœur du quartier asiatique de Milan, en bordure du centre historique, que le studio Sagaría a conçu leur nouveau nid.
À lire aussi : Une ode aux années 70 dans l’appartement de Mia Martin
Entre deux mondes
Réparti sur deux niveaux, ce loft de 200 m2 se situe dans un vieil immeuble à l’architecture typique de la ville. Avant les travaux, la maison présentait l’ossature brute d’un atelier de mécanique. La rénovation réalisée par le studio Sagaría a révélé la singularité de l’endroit en créant une atmosphère qui oscille entre celle des rues austères milanaises et les chaotiques avenues new-yorkaises. Une transition parfaite et l’écrin domestique idéal pour ce nouveau départ.
Dès l’entrée, les visiteurs sont accueillis dans un grand espace de vie, dominé par un imposant îlot de cuisine assorti d’un élégant meuble multifonctionnel. Dans chaque choix prescrit par Sagaría, l’ornement sert la fonction, la forme suit l’émotion. Pour preuve, la frise festonnée du plafond du salon dissimule un écran de projection enroulable tout en évoquant un ciel milanais de fantaisie.
Dans le même esprit, les façades qui servent de toile de fond à l’îlot, très simple, masquent élégamment le désordre du quotidien. Côté salle à manger, les supports des étagères en forme d’ailes triangulaires apportent une rigueur géométrique, mais surtout une belle capacité de rangement.
Au sein de cette zone, la couleur devient le protagoniste, utilisée avec audace pour définir et revitaliser les éléments structurels: le parquet en bois massif teint en rouge brillant transforme le voyage en une vibrante expérience, tandis que des poteaux en pierre peints en vert sauge fendent l’air comme des totems.
À cette scénographie vient s’ajouter un élément-clé : l’éclairage, à la fois naturel et artificiel, avec un jeu d’ombre et de lumière qui imprime le rythme des jours. La clarté filtre ainsi à travers les stores vénitiens, conçus non pas comme d’ordinaires séparateurs, mais comme des diaphragmes vivants qui offrent aux propriétaires la liberté de moduler l’intimité et l’interaction avec le pouls urbain.
Un intérieur en mouvement
Le rez-de-chaussée est organisé pour abriter les chambres des enfants, celle de la baby-sitter et deux salles de bains, tout en maintenant une circulation fluide. Un imposant escalier mène à l’étage supérieur, imaginé telle une retraite indépendante où la tranquillité de la chambre principale, la sérénité de sa salle de bains et tout l’intérêt d’un bureau à domicile proposent un coin pour la réflexion et le repos.
À ce niveau, le studio Sagaría a eu recours à l’emploi de briques de verre crée un pont quasi métaphorique entre les époques et les styles, servant à la fois d’amplificateur de la luminosité et de lien visuel avec la chambre à coucher.
Cette pièce intime est reliée, elle, à la salle de bains et au dressing, à la façon d’un appartement dans l’appartement, un sanctuaire isolé et indépendant, couronné par le décor tout en mosaïque couleur sauge de la salle de bains. Cette dernière célèbre le classicisme au travers de belles finitions et des détails raffinés.
La configuration en duplex de l’habitation maximise le potentiel de la double hauteur, insufflant un sentiment de grand volume. L’escalier est, à cet égard, plus qu’un élément de transition, une forme de sculpture qui célèbre la verticalité de l’ensemble. Ce faisant, les choix géométriques et matériels parlent un double dialecte : celui de l’artisanat historique milanais et celui de l’innovation incessante de la Grosse Pomme.
Le bois, le métal, la brique et le plâtre ne sont plus de simples moyens, mais les protagonistes d’un dialogue continu entre deux villes. Le projet est le fruit d’un mélange de modes et de styles façonnés par la tension entre le passé et l’avenir. Un lieu où s’écrit chaque jour un nouveau chapitre d’une histoire transatlantique.
À lire aussi : Hugo Toro signe un « appartement de chef » pour Jean-François Rouquette