Nathalie Rives est entrée en décoration comme certains entrent en religion. Un peu par hasard, mais avec la foi de l’authenticité de son approche chevillée au corps. Il faut dire qu’entre Paris, l’Argentine et New York, territoires tous plus magiques les uns que les autres, où elle a vécu avant de s’ancrer à Lyon, les occasions d’éduquer son œil n’ont pas manqué. D’abord attachée de presse, cette femme de médias hyperconnectée a toujours eu un regard sur l’univers de la décoration à travers la boutique de sa mère, pour laquelle cette self-made-woman, aussi passionnée que boulimique, a souvent cherché des objets rares à rapporter de voyage. Et ses premiers lieux de résidence provoquèrent systématiquement la surprise de son entourage, curieux de l’origine de telle ou telle incroyable trouvaille.
C’est d’ailleurs un invité d’outre-Atlantique qui va définitivement faire basculer la vie de Nathalie du côté de la décoration. Alors qu’elle résidait encore à New York, un Américain à qui elle faisait visiter sa maison tombe en arrêt devant l’aménagement de Nathalie, médusé par la cohérence de l’univers qu’il découvre. À tel point qu’il lui demande sur-le-champ de décorer son nouveau domicile, lui intimant de commencer le chantier dès le lendemain. Une mission aussi inattendue qu’inespérée, mais qui, au fond, ne change pas tant que ça des immenses ventes privées à la décoration et à la scénographie folles qu’elle organisait déjà, avec entre autres des marques telles que Bonpoint, L’Oréal ou Repetto. De retour en France, le bouche à oreille fait rapidement son effet, et l’on vient de plus en plus souvent la chercher, de projet en projet.
Instinctivement, lorsque Nathalie voit un meuble, elle sait ce qu’elle va en faire. Ce sens du style, elle le doit à sa grand-mère, qui avait un goût unique. Bouquets de fleurs plus beaux les uns que les autres, services de table de 250 pièces : en tous points, elle poussait le curseur de l’art de vivre à l’extrême. De la même manière qu’elle ignore d’où lui vient sa maîtrise du dessin et des volumes, Nathalie ne s’explique pas son sens, tout aussi inné, de la couleur. Il lui a pourtant valu une collaboration avec le marchand de peintures Ressource, pour qui elle a imaginé une collection : « Itinéraires ». Pour celle-ci, elle a joué avec les pourcentages de couleurs afin d’obtenir les nuances et effets recherchés.
Mais, de son propre aveu, Nathalie ne travaille pas : « J’ai fait de ma passion mon métier, j’y vais en chantant, je ne “bosse” jamais. C’est ça le vrai luxe ! » Qu’il s’agisse des intérieurs de ses clients ou du sien, le style de Nathalie reste authentiquement le même. Loin de l’esprit showroom, elle envisage chaque projet comme un collectionneur appréhende une nouvelle collection, raconte celle dont l’un des rares modèles est l’antiquaire Florence Lopez. « Pour moi, rien de pire que de tout assortir. J’aime les accidents, qui peuvent être très couture. J’aime les chaises, parce que c’est la convivialité, les amis, le partage, les photos et les livres pour ce qu’ils apprennent sur la vie de leurs personnages. J’aime les joyeux bordels, et je déteste faire deux fois la même recherche », explique Nathalie. Et si elle a toujours osé la couleur, Nathalie Rives a fait une exception dans sa galerie, place Gailleton : sa zone de travail. Cette dernière est matinée de gris, de noir et de blanc, afin de pouvoir laisser libre cours à l’inspiration. Et écrire tous les jours une nouvelle histoire, différente, sérieusement, mais sans jamais se prendre au sérieux !