Aux avant-postes de la nouvelle dynamique du design libanais, se trouvent des galeries pionnières comme la Carwan Gallery ou la Joy Mardini Design Gallery. Mais aussi la Beirut Design Week, qui s’est tenue fin mai pour la sixième année consécutive et, bien sûr, la biennale House of Today (HoT), une puissante plateforme fondée en 2012, par Chérine Magrabi Tayeb. Son ambition ? Mettre en orbite les designers de Beyrouth et créer des passerelles avec les galeries, les collectionneurs, les éditeurs, la presse…
Fin 2016, la troisième édition de HoT a non seulement commissionné 22 designers émergents autour du thème « Jungle Protocol », mais aussi financé des bourses d’études à l’étranger ainsi qu’une collection capsule placée sous la direction artistique de Nicolas Bellavance-Lecompte (cofondateur de la Carwan Gallery) et commercialisée par le WallpaperSTORE. Un événement qui a assurément fait des émules puisque la première Beirut Design Fair, s’est déroulée du 20 au 24 septembre, en off de la Beirut Art Fair. Zoom sur les trois designers libanais qui comptent, figures de proue ou émergentes.
Karen Chekerdjian
Installée à Beyrouth mais formée au design industriel à la Domus Academy de Milan, Karen Chekerdjian peut s’enorgueillir d’avoir réussi à convaincre les artisans locaux que less is more. Ce combat de chaque instant est couronné par la sobriété raffinée de ses créations, qu’il s’agisse de plateaux en métal martelé ou de séries limitées de mobilier. Sa chaise longue Living Space III (photo ci-dessous) et ses tables Iqar et Terra Continens, aussi sculpturales que minimales, ont brillé à Design Miami, Design Days Dubai ou à l’Institut du monde arabe. Sa petite table d’appoint Totem vient tout juste d’intégrer la collection du musée des Arts décoratifs de Paris.
David/Nicolas
Tout réussit à David Raffoul et Nicolas Moussallem (David/Nicolas). Le jeune duo est omniprésent à Beyrouth, Milan, Paris (Nilufar, Moooi, Haymann Editions) ou New York où leur cabinet Monocle, créé pour la Carpenters Workshop Gallery, vient d’être dévoilé. Sur Instagram, le flux de photos du restaurant Kaléo, à Beyrouth (photo ci-dessous), dont ils ont signé l’aménagement, ne tarit pas : 100 % contemporain mais flirtant librement avec les années 40 – un hommage sans doute à Jean Royère, qui eut un atelier au Liban. Chérine Magrabi Tayeb ne s’y est d’ailleurs pas trompée puisqu’elle leur a confié l’intégralité de la décoration de son appartement parisien.
Nada Debs
Libanaise ayant grandi au Japon, Nada Debs a étudié l’architecture aux États-Unis et débuté sa carrière à Londres avant de s’installer à Beyrouth en 2000. Ses créations nouent une conversation cultivée entre épure japonaise (Pebble Platters, photo ci-dessous) et géométrie ornementale arabe. Marqueterie de nacre ou Plexiglas sur noyer, chêne ou acajou (table Industrial, banc Draw The Line), fines lignes en étain fondues à même un plateau en olivier massif : cette discrète passionaria du design fusion incarne, de façon très personnelle, le multiculturalisme élégant qui fait la richesse du Liban. Tout en s’appuyant sur les meilleurs savoir-faire vernaculaires levantins, contribuant ainsi à leur survie.