À l’origine de cette serre se trouve un groupe d’étudiants et de chercheurs issus du Maebb (Master in Advanced Ecological Buildings and Biocities), que propose l’IAAC (Institute for Advanced Architecture of Catalonia), université catalane réputée dans le domaine de l’architecture.
D’une durée de onze mois, ce programme immersif de troisième cycle est axé sur l’apprentissage de la conception et de la construction d’une nouvelle génération de bâtiments et de villes capables de répondre aux défis climatiques émergents. Il se déroule à Barcelone, non pas sur les bancs d’une salle de cours, mais au sein d’une propriété de 135 hectares située dans le parc de Collserola.
Une serre novatrice
Son nom ? Valldaura Labs, un campus créé par l’IAAC et voué à la recherche autour de l’habitat autosuffisant. C’est donc en pleine nature, dans un environnement exceptionnel et privilégié, que les étudiants interrogent ce que signifie l’acte de construire à l’heure du réchauffement climatique. L’objectif ? Réaliser un projet à l’échelle 1 sur le principe du learning by doing (l’apprentissage par la pratique). Chaque année, ils sont une quinzaine à unir leurs connaissances, leurs savoir-faire ainsi que leurs rêves de penser le monde différemment.
La dernière promotion a ainsi conçu un prototype de serre solaire écologique destinée à la production de nourriture et d’énergie. Encadré par Vicente Guallart et Daniel Ibáñez, les directeurs du master, le groupe a édifié lui-même la construction à partir de matériaux naturels « zéro kilomètre », mais aussi grâce aux techniques numériques qui ont permis de modéliser les plans en amont.
La proposition s’affirme donc comme un maillon de cette philosophie qui consiste à s’affranchir au maximum de la chaîne d’approvisionnement et du transport, dont l’empreinte carbone est traditionnellement, on le sait, délétère et incertaine. Les étudiants ont fait appel à différents experts de l’agriculture biologique et de l’énergie pour finaliser ce prototype et s’appuyer sur les connaissances les plus récentes en la matière.
Un air de fête à la nuit tombée
Bien plus qu’un acte isolé, le projet s’inscrit dans les objectifs fixés par l’Union européenne de rendre les villes neutres en carbone d’ici à 2050. En misant sur un circuit court, de la culture à la consommation, et pensé pour être répliqué dans des zones aussi bien rurales qu’urbaines, ce modèle d’autosuffisance propose une réponse aux futures crises alimentaires et énergétiques qui nous menacent, des thèmes sur lesquels la crise sanitaire et la guerre en Ukraine ont jeté depuis peu une lumière crue. Mais malgré l’efficience qu’il offre, il n’a pas pour autant sacrifié l’architecture.
La serre s’organise sur deux niveaux, superposant une zone de germination au rez-de-chaussée et une autre dévolue à la culture à l’étage. Élégamment dessinée, la structure est réalisée en pin, une essence elle-même extraite dans les règles de l’art et transformée in situ, dans la région de Valldaura. Un système d’approvisionnement en nutriments nourrit les plantes. Les bandes LED colorées donnent à la structure un air de fête la nuit tombée tout en facilitant les cycles de croissance. En verre, la toiture en forme de diamant permet d’optimiser le recours à l’énergie solaire captée par des panneaux, afin d’éclairer directement le végétal.
Derrière son apparente simplicité, le projet utilise en réalité des technologies agricoles très avancées et s’affirme dès lors comme un petit laboratoire de ce qu’il est aujourd’hui possible de faire pour répondre concrètement au plus grand défi de ce siècle.
> IAAC. Pujadas 102, Poble Nou, 08005 Barcelone, Espagne. Iaac.net