À Arles, Caroline Corbasson capture le mouvement de l’invisible

En parallèle des Rencontres de la photographie d’Arles, Caroline Corbasson, la deuxième lauréate du prix Art & Environnement, lancé par la fondation Lee Ufan et la Maison Guerlain, expose le fruit de ses recherches sur le vent. Menées durant sa résidence à l’Atelier MA, c’est sur la toile qu’elle les a traduites.

« L’infiniment petit comme l’infiniment grand, le quasiment rien qui témoigne du tout », ainsi décrit Caroline Corbasson, dans sa langue imagée, ce qui la touche depuis ses débuts.Le cosmos d’abord, qu’elle admire depuis les observatoires du monde entier, grâce à un grand-père, ingénieur en optique, ayant travaillé pour la Nasa. La nature ensuite, car l’artiste a grandi dans les climats rudes de Montréal, puis du Texas, où les tornades, déjà, l’époustouflaient.


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Dans le souffle du vent

Avec cette résidence du prix Art & Environnement, à Arles, c’est le vent qui l’a guidée. Le vent pollinisateur, le vent qui porte le bruit ou qui l’étouffe, le vent comme symbole de mystère. Sur les plages de Camargue, elle remarque ces demi-cercles parfaits tracés dans le sable. Effets des brindilles aux alentours qui se courbent face au mistral, puis dessinent furtivement un arc. Leurs traces apparaissent à l’artiste « comme un esprit » qui l’a « mise sur la voie ».

Caroline Corbasson a investi l’Atelier MA durant sa résidence de deux mois dans la ville.
Caroline Corbasson a investi l’Atelier MA durant sa résidence de deux mois dans la ville. ANDREA MONTANO

Aussi à l’aise en dessin qu’en photographie, sculpture ou vidéo, la trentenaire, passée par les Beaux-Arts de Paris et Central Saint Martins de Londres, n’avait pourtant pas l’habitude de si grandes toiles. Est-ce le génie de Lee Ufan, artiste sud-coréen qui a posé ses valises et sa fondation à Arles, qui lui a donné l’envie de sortir ses pinceaux ? Ou Van Gogh qui tient une place particulière dans le panthéon personnel de l’artiste ?

Toujours est-il que la série « Something Moves », dont il est question et qui sera visible tout l’été à Arles, produit la même vibration que ces deux brillants parrains. Ses toiles semblent bouger (move en anglais) et donnent l’impression au spectateur de chanceler lorsqu’il les fixe. Elle y retranscrit le vent sur des fonds d’encre qui donnent de la profondeur à son œuvre. « Une invitation à la contemplation, dit-elle, dans un monde qui en a tant besoin. »

Avec cette résidence du prix Art & Environnement, à Arles, c’est le vent qui l’a guidée. Le vent pollinisateur, le vent qui porte le bruit ou qui l’étouffe, le vent comme symbole de mystère.
Avec cette résidence du prix Art & Environnement, à Arles, c’est le vent qui l’a guidée. Le vent pollinisateur, le vent qui porte le bruit ou qui l’étouffe, le vent comme symbole de mystère. DR

À côté, elle publie et dévoile ses poèmes, parus pour l’occasion. « J’ai beaucoup écrit sur mes émotions d’atelier. Puis, j’ai commencé à écrire des mots dans mes toiles. » Ceux-là ne se révèlent qu’à force d’attention et de temps. Alors, le paysage bascule dans l’abstraction, et les obsessions scientifiques de l’artiste se font mystiques.

> « Something moves ». Atelier MA de Lee Ufan Arles, 16, rue Vernon, 13200 Arles, jusqu’au 5 octobre. En.leeufan-arles.org


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