De Singapour à Tokyo en passant par Amsterdam, les architectes ne cessent de réinventer leur pratique. La rédaction d’IDEAT a sélectionné six beaux livres d’architecture mettant en lumière des projets inspirants et inspirés. Tournés vers la nature et le développement durable, ces ouvrages nous poussent à questionner le lien entre l’habitat et son environnement.
La campagne en ville
Pourquoi les villes ne deviendraient-elles pas des corridors biologiques et des zones agricoles ? Pour tendre vers cet idéal, l’ouvrage Fermiers urbains opère un tour du monde des terrains vagues, des toits et autres espaces reconvertis en surfaces agricoles urbaines, que ce soit par nécessité ou par engagement. Visites de néo-jardins, méthodes de culture expérimentales sur terrasse, focus sur des techniques comme l’aquaponie, l’apiculture ou la teinture végétale… Cet album de fond est porté par des images galvanisantes, bucoliques et par une série d’exemples concrets enthousiasmants.
Fermiers urbains, collectif, Gestalten, 256 p., 35 €.
Présent composé
Alors que l’usage des Ehpad est de plus en plus interrogé, la cohabitation avec nos aïeux semble une voie plébiscitée par notre époque. De l’Inde aux États-Unis, de Singapour à la France, Joann Plockova a déniché une série de constructions basées sur ce principe exemplaire, cette nouvelle façon de vivre intergénérationnelle. Plans et images léchées des différents programmes d’architecture parsèment ces pages, qui manquent hélas d’incarnation. On aimerait bien découvrir comment, dans leurs intérieurs, les habitants conçoivent leur pratique au quotidien. Assurément l’un des beaux livres d’architecture de l’hiver.
Come Together, de Joann Plockova, Gestalten, 288 p., 39,90 €.
Architectures fondues de nature
Comment l’architecture s’accommode-t-elle de son environnement jusqu’à tenter de disparaître dans la topographie qui l’accueille ? Fondateur de l’agence SeARCH, Bjarne Mastenbroek nous fait remonter aux sources de l’art de construire à travers les églises de Lalibela, creusées dans le sol éthiopien, les spirales des ziggourats mésopotamiennes, le théâtre antique d’Épidaure ou les monastères grecs des Météores. Et pointe des échos plus récents : l’Eames House, noyée dans les eucalyptus, la villa Malaparte, à Capri, ou… la pyramide du Louvre.
Dig it ! Building Bound to the Ground, de Bjarne Mastenbroek, Taschen, 1 390 p., 100 €.
Kengo Kuma fait feu de tout bois
Bambou, bois, pierre, chaume, céramique, PET… 41 parmi les plus emblématiques des bâtiments ayant jalonné la carrière de Kengo Kuma depuis 1988 sont décryptés ici par le maître en personne. En préambule, à travers sa recherche physique et interactive de matériaux de construction inédits, ou parfois anciens, mais oubliés, le Japonais se qualifie de… « matérialiste ». Un ouvrage qui donne à voir la « simplexité » de son travail, fait de jeux de pleins et de vides, et de moucharabiehs contemporains au service d’édifices à vivre ou expérimentaux.
Kuma, Complete Works 1988-Today, de Philip Jodidio, Taschen, 460 p., 150 €.
Jungle city
Elles dégoulinent des balcons, jaillissent d’un toit, s’immiscent au milieu du béton, ignorent la frontière entre le dedans et le dehors, au point de se rendre indispensables dans nos villes… Les plantes sont devenues une partie intégrante de l’architecture urbaine. Fourmillant de lieux inspirants, cet ouvrage emmène le lecteur dans les plus fantasmagoriques des intérieurs, comme dans cette jungle s’épanouissant au cœur d’un immeuble d’Amsterdam ou à la découverte des luxuriants jardins verticaux de Patrick Blanc. Un manifeste qui donne plein d’idées.
Botanical Buildings, Plants + Architecture, de Judith Baehner, Lannoo, 256 p., 39,99 €.
Privilégier l’existant
À l’heure de l’urgence écologique, le constat est sans appel : le secteur de la construction est l’un des plus énergivores et gourmands en matières premières. Olivier Darmon est parti en quête de projets qui prennent le contre-pied des préceptes architecturaux actuels et privilégient la réhabilitation vertueuse. Le palais de Tokyo, rénové par Lacaton & Vassal, un théâtre de Liverpool transformé en centre équestre, une maison minérale édifiée dans une carrière désaffectée espagnole… Presque n’importe quel bâtiment peut prétendre à une deuxième vie !
Ré:habiter, d’Olivier Darmon, Alternatives, 176 p., 32 €.