DAVID CHARLES COLLINS ET KIRIAN LAWSON. AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DES ARTISTES SULLIVAN+STRUMPF

56e édition des Rencontres de la photographie d’Arles : donner voix à ceux que l’histoire oublie

Vingt-six lieux, 160 artistes… Durant trois mois, Arles devient la capitale mondiale de la photographie. Célébrant la diversité sous toutes ses formes, cette 56e édition des Rencontres est plus que jamais placée sous le signe de l’engagement. Tour d’horizon.

« Merci aux photographes, aux artistes et aux commissaires d’exposition. Ils nous aident à décrypter le monde quand certains ferment des frontières et cherchent à rétrécir les imaginaires. » C’est par ces mots qu’Aurélie de Lanlay, directrice adjointe des Rencontres de la photographie d’Arles, a ouvert la conférence de presse.


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Résistances artistiques

Des propos appuyés par le directeur, Christophe Wiener, qui a placé cette édition sous le signe de l’indocilité. Un contrepoint au discours dominant, tel celui du président américain Donald Trump, qui a notamment décidé de traquer jusque dans les archives du Pentagone toutes les représentations inhérentes aux communautés afro-américaine ou homosexuelle, soit environ 26 000 images. Face à cette purge annoncée, le festival est entré en résistance. D’où le choix de l’affiche, qui met en valeur un super-héros appartenant à la communauté aborigène.

Letizia Battaglia.Rosaria Schifani, veuve du garde du corps Vito Schifani, tué avec le juge Giovanni Falcone, Francesca Morvillo et ses collègues Antonio Montinaro et Rocco DiCillo,Palerme, 1992.
Letizia Battaglia.Rosaria Schifani, veuve du garde du corps Vito Schifani, tué avec le juge Giovanni Falcone, Francesca Morvillo et ses collègues Antonio Montinaro et Rocco DiCillo,Palerme, 1992. Letizia Battaglia / Courtesy of Archivio Letizia Battaglia

Car cette 56e édition est plus que jamais inscrite dans une dynamique d’échanges et dans un entrelacement des cultures prôné par l’écrivain Édouard Glissant contre l’essor des nationalismes. Le point commun entre les six thématiques de cet événement est de donner la parole à tous ceux que l’histoire n’a pas retenus.

En particulier les femmes, comme Letizia Battaglia (1935-2022), qui consacra sa vie à documenter les exactions de la Mafia sicilienne, Claudia Andujar, qui s’engagea dès le début des années 1970 auprès du peuple yanomami d’Amazonie, dont le territoire est menacé, ou encore Lila Neutre, qui témoigne des violences subies par les personnes racisées ou précarisées.

Milani Varela (Latex Ball n°5), sérieSculpter le soi – The Rest is Drag, 2015.
Milani Varela (Latex Ball n°5), sérieSculpter le soi – The Rest is Drag, 2015. Lila Neutre / Courtesy of the artist

Le festival favorise l’inclusion et renforce les liens intergénérationnels et interdisciplinaires. Il permet aussi la découverte d’un territoire : aux expositions de la ville intra-muros s’ajoutent celles du Grand Arles Express, du château de Carros à l’abbaye de La Celle.

Avec cette programmation qui « explore l’image sous une forme polyphonique », selon les mots de Christophe Wiener, les Rencontres confirment leur réputation d’observatoire de notre monde.

> « Les Rencontres de la photographie. Arles 2025. Images indociles ». Jusqu’au 5 octobre. Rencontres-arles.com


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