À deux roues, équipés à la pointe par Cycling Copenhagen et presque trop inclinés sur la route (seules les chaussures à cales manquent) nous voilà partis pour découvrir Copenhague et ses alentours. Après un ravitaillement café chez Pas Normal Studio, direction le Nord en longeant la côte. Notre destination finale ? Hornbæk. Au total, une soixantaine de kilomètres et quelques stops à ne pas louper pour les mordus d’architecture danoise et de design. Suivez le guide.
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1. La station-service d’Arne Jacobsen (1937)
Sur le parcours, le long de la route côtière Strandvejen, un premier arrêt s’impose en bord de mer à la station-service de Skovshoved. Dessinée et édifiée en 1937 par Arne Jacobsen, le bâtiment toujours en activité est resté intacte, à l’exception près qu’il est désormais possible de faire le plein de cornets glacés signés Olivers Garage.





Pensée au départ comme un prototype pour la compagnie pétrolière Texaco, son allure directement empruntée aux diners américains lui vaut le titre de monument historique. Une structure cubique immaculée recouverte de carreaux de céramique éclaire comme un phare dans la nuit. En hauteur, l’horloge minimaliste rouge lipstick deviendra la signature par la suite de nombre de ses projets publics.
Petite anecdote : La station est surnommée la « Toadstool » (champignon) en raison de son auvent imposant caractéristique
> Kystvejen 24, 2920 Charlottenlund
2. Le complexe Bellevue (1932)
À quelques pas, Bellevue, halte obligatoire pour les habitants de Copenhague en quête de rafraîchissement. Avec le projet de réaménagement entrepris sur la route Strandvejen, Arne Jacobsen a pour mission d’y imaginer, en 1932, un ensemble d’installations publiques.







Il concevra les Bains de Bellevue (1932), le complexe résidentiel Bellavista (1934) et un Théâtre (1936) : des constructions aux formes cubistes nettes, aux façades blanches, qui font écho au Bauhaus allemand.
> Strandvejen 340, 2930 Klampenborg
3. Le Musée Rudolph Tegner (1937-1938)
Il compte parmi les bijoux brutalistes de la côte nord, ce musée perdu en pleine nature est dédié à l’oeuvre du sculpteur du homonyme Rudolf Tegner. Cet architecte de formation rêvait d’un lieu où sa collection de statues de bronze s’animerait. L’endroit, (à environ 50 km au nord de Copenhague) qu’il pense de A à Z tant sur le plan esthétique que fonctionnel, impressionne par ses courbes droites et sa silhouette visionnaire!






Sa façade, inspirée des temples de la Grèce antique, crée un contraste assumé avec l’intérieur. L’imposant bloc massif dialogue avec une composition douce – un parterre de statues à l’éclairage sensuel. De son noyau central octogonal (qui culmine à 11 mètres de hauteur sous plafond) à ses salles d’exposition, la lumière est uniquement naturelle, zénitale, provenant de son unique verrière. Une caractéristique essentielle, pensée par l’architecte afin que les visiteurs ne soient pas distraits par la nature environnante.
Fait insolite : Rudolph Tegner repose sous le sol de la grande salle centrale, où il fut enterré en 1950 dans un cercueil de chêne. L’urne contenant les cendres de son épouse Elna, a été déposée au pied de la statue d’Apollon, dans la même salle.
> Musée Rudolph Tegner, Museumsvej 19, 3120 Dronningmølle, Danemark
4. Le Musée Ordrupgaard (1918)
Situé en pleine nature, le complexe du Musée Ordrupgaard, inauguré en 1918 à l’initiative du collection Wilhelm Hansen et de sa femme Henny et dédié à l’Impressionnisme, comprend la maison de Finn Juhl, aujourd’hui partie intégrante de l’établissement, et la résidence privée de ses fondateurs imaginée par Gotfred Tvede.






Mais on y pédale surtout pour admirer l’extension réalisée en 2025 par la Britannico-Irakienne Zaha Hadid, le premier bâtiment conçu par l’architecte en Europe du Nord, mêlant béton noir auto-compactant et lignes organiques.
En 2021 le cabinet norvégien Snøhetta ajoute sa touche personnelle : une allée empruntée par les usagers au début de leur visite ainsi qu’une aile reliant le bâtiment d’origine à l’extension de Zaha Hadid en acier, en total contraste avec la nature environnante. Une structure poétique captant et reflétant la lumière et le ciel, écho aux toiles Impressionnistes.
> Musée Ordrupgaard, Vilvordevej 110, 2920 Charlottenlund
5. Les quartiers privés de l’architecte Finn Juhl (1942)
Quitte à se rendre au Musée Ordrupgaard, autant en profiter pour visiter la maison d’une figure culte du modernisme, Finn Juhl. Son oeuvre ainsi que ses modèles emblématiques sont exposés dans sa demeure qui, comme mentionné plus haut, fait aujourd’hui partie de l’établissement.








C’est à Ordrup, que l’architecte de formation pense et décore cette maison, à à peine 30 ans. On y observe dans leur habitat naturel le fauteuil Chieftain, le canapé Poet ou encore la Silver Table auxquels s’ajoute sa collection particulière d’œuvres d’artistes danois influents en leur temps tels que Vilhelm Lundstrøm, Asger Jorn et Erik Thommesen.
Conforme à la vision Finn Juhl, cette bâtisse est un « Gesamtkunstwerk » moderniste – à savoir ‘une œuvre d’art totale’, en allemand – où architecture, design et art s’unissent dans une harmonie absolue. Lumineuse et ouverte, elle s’inscrit dans une volumétrie horizontale, où intérieur et extérieur se confondent en toute fluidité.
Petite anecdote : Construite en 1942, la maison restera la résidence principale du designer jusqu’à sa mort en 1989.
> Finn Juhl’s House, 15 Kratvænget, 2920 Ordrup
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