3 maisons bulles à découvrir : entre rondeurs, nature et architecture visionnaire

À travers le monde, certaines maisons défient les conventions architecturales et s’intègrent harmonieusement à leur environnement. Du Texas aux Vosges, en passant par l’Isère, ces habitations organiques et bulles offrent des expériences uniques où design, nature et confort se rencontrent pour créer des lieux à la fois étonnants et apaisants.

À mi-chemin entre un vaisseau spatial et la demeure des Barbapapa, les maisons bulles ont été construites par des architectes visionnaires, en quête d’harmonie avec la nature, comme le raconte Raphaëlle Saint-Pierre dans son ouvrage Maisons bulles ; architectures organiques des années 1960-1970 (Éditions du patrimoine). Voici trois adresses tout en rondeur pour séjourner dans l’un de ces habitats insolites.


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1 – The Bloomhouse au Texas (États-Unis)

Tel un mirage au cœur des collines de West Austin (Texas), The Bloomhouse semble tout droit sortie d’un conte de fées. Cette spectaculaire maison organique, ancrée sur un terrain escarpé fortement boisé, a été construite par l’architecte local Charles Harker, pour son client Dalton Bloom, de 1973 à 1984.

The Bloomhouse au Texas.
The Bloomhouse au Texas. LODGEWELL

« Durant ses études, Charles s’est spécialisé dans l’architecture curviligne, les matériaux de construction non traditionnels et l’intégration des bâtiments dans leur environnement, précise Dave Claunch, propriétaire des lieux depuis 2017. Pour dessiner The Bloomhouse, il s’est inspiré de l’architecte Antoni Gaudí, du film Fantasia (1940) des studios Disney, du souffle du vent, des systèmes vasculaires des plantes et des maisons bulles françaises ! »

Les murs de la sous-structure, en mousse de polyuréthane, ont d’abord été sculptés par Charles Harker afin d’affiner la forme générale. L’ensemble a ensuite été recouvert de stuc de béton, pour former une coque extérieure imitant les mouvements de la nature. « Nous avons restauré la maison durant deux ans, pour lui redonner sa beauté initiale, mais tous les éléments sont d’origine, reprend Dave Claunch. Les armoires et les étagères ont été sculptées sur place, dans des blocs de bois de cerisier encastrés dans la sous-structure, puis poncées pour conserver leur aspect naturel. »

Les murs de la sous-structure, en mousse de polyuréthane, ont d’abord été sculptés par Charles Harker afin d’affiner la forme générale. L’ensemble a ensuite été recouvert de stuc de béton, pour former une coque extérieure imitant les mouvements de la nature.
Les murs de la sous-structure, en mousse de polyuréthane, ont d’abord été sculptés par Charles Harker afin d’affiner la forme générale. L’ensemble a ensuite été recouvert de stuc de béton, pour former une coque extérieure imitant les mouvements de la nature. LODGEWELL

À l’exception de la porte d’entrée et de certaines baies vitrées, la maison de 165 m² – qui peut accueillir cinq personnes, sur deux niveaux – ne présente aucune ligne droite. Dans les différents espaces qui semblent onduler, la décoration et le mobilier contemporain sont signés West Elm.

Pour accentuer la symbiose avec la nature, le sol en carreaux de béton et de céramique, faits à la main, donne l’illusion de marcher sur des disques de cèdre coupés. Tandis qu’à l’extérieur, la terrasse, le patio et le coin salon entourés d’un écrin de végétation offrent un grand bain de chlorophylle. « C’est une œuvre d’art unique dans laquelle les gens aiment dormir, souligne le propriétaire. Ils ressentent ici un sentiment de paix sublime ! »

> À partir de 408 € la nuitée. Lodgewell.co ou Airbnb.fr


2 – Motel de l’eau vive dans les Vosges

Lovées entre les bras de la rivière La Plaine, sur la presqu’île jardin de Raon-l’Étape (88), les dix petites maisons bulles qui constituent le Motel de l’Eau Vive, sont l’œuvre de Pascal Haüsermann (pionnier de l’architecture organique en France) et son épouse Claude Costy.

Le Motel de l’eau vive dans les Vosges.
Le Motel de l’eau vive dans les Vosges. S.A.S STUDIO AIMERGIAH

Racheté par Christophe Perchet, l’établissement a rouvert ses portes en juillet dernier, après dix ans de fermeture. « Cet hôtel est le seul en France à posséder une architecture organique, il a été construit dans la foulée du Balcon de Belledonne (voir ci-contre) et a ouvert en 1969, précise Laurence Perchet, la sœur du propriétaire et chargée de communication. Nous avons entrepris des travaux de rafraîchissement pour retrouver l’esprit des années 1960-1970, voulu par les créateurs. »

Dans les neuf chambres bulles pouvant accueillir deux ou quatre personnes, tout comme dans la bulle de réception où sont servis les petits déjeuners, la décoration est minimaliste. Les tablettes, banquettes et penderies ont été conçues, dès le départ, directement dans les murs, en voile de béton projeté sur des structures métalliques. Quant aux salles de douche, elles sont réduites à l’essentiel.

L’une des portes en résines de la maison bulle.
L’une des portes en résines de la maison bulle. S.A.S STUDIO AIMERGIAH

De leur côté, les portes en résine de forme ovoïde ont été refaites à l’identique, d’après les modèles d’origine. Elles affichent de joyeux motifs pop ou poétiques, qui égaient ces habitats d’un blanc pur. La matière translucide laisse aussi filtrer une douce luminosité, à la manière d’un vitrail.

Autre signe distinctif de ces maisons organiques dénuées d’angles droits, les vastes fenêtres arrondies sont semblables à des yeux gourmands qui dévorent le paysage. « Les bulles sont disposées en cercle, face aux arbres et à la rivière, reprend Laurence Perchet. Dormir ici est gage de sérénité, on est vraiment en communion avec la nature. C’est une sensation très particulière, propre à l’architecture utopiste. » Pourtant, ce site piétonnier, classé monument historique depuis 2014, se trouve à cinq minutes seulement du centre-ville. Tout l’art d’être dans sa bulle.

> À partir de 180 € la nuitée. Moteleauvive.com


3 – Le balcon de Belledonne en Isère

Bijou immaculé posé au cœur du parc naturel régional de Chartreuse, cette maison bulle construite en 1966 par – là encore – les architectes Pascal Haüsermann et Claude Costy, est ouverte depuis peu à la location. « Nous avons découvert Le Balcon de Belledonne par hasard en 2021 », raconte avec enthousiasme Alice Christophe, l’actuelle propriétaire avec son mari Scott Lawrimore. Historiens de l’art et conservateurs, ces passionnés se sont lancés dans un chantier titanesque, pour restaurer la maison dans le respect du projet architectural initial.

Le balcon de Belledonne en Isère.
Le balcon de Belledonne en Isère. ALICE CHRISTOPHE

« Durant trois ans, nous avons tout fait nous-mêmes, en ayant l’immense chance d’être conseillés par Claude Costy. Depuis les portes en résine jusqu’aux reprises de béton en passant par la conception de meubles de cuisine, d’un bar, d’un canapé en voile de béton, de chaises et de luminaires, nous avons recréé des fonctions dans cette maison de 80 m², pouvant accueillir quatre personnes, en veillant à ce que chaque élément puisse être retiré dans le futur si nécessaire. »

Le résultat, très épuré, est d’une grande beauté. Dès l’entrée, on est saisi par l’atmosphère apaisante qui règne dans ce drôle de loft dépourvu d’angles. Salle à manger, salon et cuisine voisinent dans un même élan avec l’espace couchage, composé d’un lit rond de 2,20 mètres de diamètre, une salle de bains de poche et une petite chambre équipée d’un lit double.

Bijou immaculé posé au cœur du parc naturel régional de Chartreuse, cette maison bulle construite en 1966 par – là encore – les architectes Pascal Haüsermann et Claude Costy, est ouverte depuis peu à la location.
Bijou immaculé posé au cœur du parc naturel régional de Chartreuse, cette maison bulle construite en 1966 par – là encore – les architectes Pascal Haüsermann et Claude Costy, est ouverte depuis peu à la location. ALICE CHRISTOPHE

Clou du spectacle, la paroi principale, constituée d’une enfilade spectaculaire de fenêtres, connecte la bulle au paysage, donnant le sentiment aux habitants de faire corps avec la nature. Rondeur, douceur, ce cocon perché à 1 200 mètres d’altitude met l’âme en apesanteur. De même, sur la terrasse, le regard est aimanté par le massif de Belledonne, puis les rochers de la Chartreuse.

« La piscine ainsi qu’une annexe sont en cours de restauration, précise Alice Christophe. Nous louons la maison pour partager ce lieu extraordinaire et pour soutenir les travaux. » Une expérience merveilleuse dans l’un des trésors d’architecture organique.

> À partir de 250 € la nuitée. Balcondebelledonne.com / @balcon.de.belledonne


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