Et si l’heure était enfin venue d’arrêter de démolir pour reconstruire ? Le bon sens aurait-il fini par l’emporter ? La nouvelle exposition au Pavillon de l’Arsenal explore les voies fructueuses ouvertes par la rénovation, la réhabilitation, la reconversion. «Conserver Adapter Transmettre » rassemble une quarantaine de bâtiments parisiens qui ont fait le pari de la transformation pour entamer une nouvelle vie alors que le foncier est devenu une denrée rare. Ces projets, dont les permis de construire ont été déposés entre 2020 et 2022 ou lauréats de consultations récentes, verront le jour dans les années à venir. Plutôt qu’un inventaire de ce qui a déjà été fait, l’exposition dresse ainsi un état des lieux de ce qui va advenir dans la capitale.
Le pari de la transformation
Très efficace, le système avant/après s’appuie sur de grandes maquettes des états projetés, assorties de photos en noir et blanc des existants, mais également des dessins spécifiquement produits par les architectes, un dispositif graphique permet de prendre la mesure de ces transformations aussi diverses que variées. On y trouve pêle-mêle des édifices historiques mais également un patrimoine plus ordinaire comme une tour de bureaux moderne, un parking, des laboratoires universitaires ou encore un ancien central téléphonique.
Décarboner l’architecture
Reconstruire la ville sur elle-même ? L’idée n’est pas nouvelle. Elle est notamment défendue de longue date par Lacaton Vassal, Pritzker Prize 2021. Mais face à l’urgence climatique, elle trouve une caisse de résonance particulière. Refuser de démolir ne serait-il pas le premier acte d’une architecture décarbonée ? Continuer de construire autant de mètres carrés n’est-il pas une hérésie lorsque des surfaces demeurent en attente d’une nouvelle vie ? L’exposition au Pavillon de l’Arsenal recense différentes attitudes retenues par les architectes face à l’existant, même si la déférence traverse tous les projets présentés.
Parmi les opérations à découvrir, le mythique magasin Tati Barbès qui abritera demain des logements, des bureaux, une résidence hôtelière, un équipement culturel et commerces. Le projet de Studio BELEM s’inscrit dans le respect de l’histoire de l’édifice, réinterprétant de façon contemporaine les styles faubourien et haussmannien.
L’ancienne caserne Exelmans dans le 16ème sera transformée par Brunnquell & André architectes et l’Atelier Bow-Wow pour accueillir des logements et une école. Sur le boulevard Ney, la « Boulangerie », ancien hangar militaire, deviendra un centre d’hébergement d’urgence grâce à François Brugel et l’Atelier RITA.
Au-delà des vertus environnementales, l’exposition au Pavillon de l’Arsenal montre que la transformation amorce un cercle vertueux qui conduit les architectes à sortir des sentiers battus. En s’adaptant à ce qui déjà là, ils n’ont d’autres choix que de laisser de côté leurs réflexes comme les modèles préétablis. Un constat particulièrement manifeste en matière de logements. Rendre compte des nouveaux modes de fabrication de la ville contemporaine, plus écologiques, respectueux du patrimoine et en phase avec les attentes de la société, c’est tout l’enjeu de cette exposition, à découvrir jusqu’au 5 mars 2023.
> « Conserver Adapter Transmettre », une exposition à voir au Pavillon de l’Arsenal jusqu’au 5 mars 2023.