Créée en 2004 par le designer Dante Bonuccelli pour Molteni & C Dada, la cuisine Tivalì vient d’être réinterprétée par le duo d’architectes canadiens Yabu Pushelberg, dans une version compacte où elle disparaît derrière deux portes coulissantes.
Quel est le principe de la cuisine Tivalì ?
George Yabu : Elle est transformable. Vous pouvez y cuisiner, mais aussi la changer en bar. Quand on ouvre les portes, tout est à sa place : les verres, les couverts, des plateaux. Un jeu de boîtes et de paniers permet de ranger. L’art est de tout bien disposer pour s’y retrouver.
Glenn Pushelberg : Il s’agit d’un cabinet d’exposition pour vos plus beaux objets qui peut, accessoirement, servir de cuisine. Quand vous recevez vos amis, vous fermez les portes et elle disparaît. Comme par magie.
Dante Bonuccelli avait dessiné une première version en 2004. Quelle est la différence avec la vôtre ?
G.Y. : Carlo Molteni est un fou d’ingénierie. Molteni & C est réputée pour ses portes coulissantes d’une maniabilité incroyable. Elles ne font aucun bruit, tout est très fluide. Pour le dernier modèle Tivalì, ils ont réussi à obtenir le même effet sans rail, ni en bas ni en haut. Les deux grandes portes s’évanouissent, comme un rideau de théâtre qui s’ouvre sur une scène. Il faudra vingt ans avant qu’un concurrent puisse faire preuve d’autant d’ingéniosité ! (Rires.)
G.P. : Nous voulions créer une cuisine qui ne ressemble à rien de conventionnel. On dirait presque un laboratoire. Ou une salle d’exposition.
À qui s’adresse cette cuisine ?
G.P. : En Amérique du Nord, on cuisine beaucoup moins qu’en France. En semaine, on achète des plats préparés. Si vous voulez vraiment cuisiner, vous pouvez toujours prévoir une arrière-cuisine. En revanche, cette pièce reste le cœur de la maison où l’on aime se réunir. Le week-end, George et moi pouvons recevoir une vingtaine d’amis. Il faut qu’elle soit particulièrement belle.
G.Y. : L’éclairage, les pans inclinés sur les côtés du plan de travail, les revêtements en pierre ou en marbre en font un véritable écrin. Quand vous avez fini la représentation, pas la peine de ranger, il suffit de fermer les portes. Elle reste toujours sexy.