Après Bordeaux et sa Cité du vin, Dijon inaugure une Cité internationale de la gastronomie et du vin, déployée sur le site historique d’un ancien hôpital. Un projet culturel ambitieux aux enjeux commerciaux un peu envahissants.
Une séduction instagrammable
Si, en France, la gastronomie est un sujet culturel, le classement, en 2010, du « repas gastronomique des Français » sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité a rendu la chose résolument institutionnelle. Un appel à projets a ainsi été lancé pour créer des cités de la gastronomie, sur les modèles de celles de la musique ou de l’architecture et du patrimoine, à Paris. Dans ce contexte, et forte d’un site hospitalier de 6,5 ha à reconvertir, la ville de Dijon a concouru en 2012… et a été élue aux côtés de Lyon, Rungis et Tours (aux programmes actuellement en stand-by).
Dix ans plus tard, le projet ouvre les portes de son complexe conçu par l’architecte Anthony Béchu. Depuis le parvis, le bâtiment recherche volontiers une séduction instagrammable, avec son « canon de lumière » recouvert d’acier Corten, qui semble jaillir à la manière d’un totem. À l’intérieur, l’exubérance retombe un peu, avec, sur 1 750 m2, des salles d’exposition dont les volumes paraissent un brin étriqués au regard du reste du dispositif.
La Cité internationale de la gastronomie et du vin à Dijon prend davantage d’ampleur avec ses entités à vocation commerciale, telles que l’école Ferrandi, justement déployée dans le tunnel suspendu, le village gastronomique avec ses neuf boutiques situées dans une vaste cour et sa cuisine basée sur l’émotion et la sensation, ou les restaurants, dont deux occupent les édifices historiques de l’Hôtel-Dieu, adossés à la nouvelle construction.
Au-delà de la seule gastronomie
On n’oublie pas un complexe cinématographique, un hôtel quatre étoiles et 640 logements sis dans les bâtiments historiques rénovés, sans compter l’écoquartier à venir… rien de très gastronomique là-dedans. Une raison à cela : les 4/5es du budget pour construire ce projet à 250 millions d’euros ont été mis sur la table par Eiffage qui attend un retour sur investissement.
Certes, on ne saurait railler l’existence d’un tel équipement, mais peut-on véritablement brandir l’argument du « projet culturel à vocation publique et d’envergure internationale », dès lors qu’il s’appuie majoritairement sur des commerces et sur un programme immobilier conséquent, dont le prix au mètre carré figure parmi les plus élevés de l’agglomération ? Un million de visiteurs annuels sont attendus.
> Cité internationale de la gastronomie et du vin. 12, parvis de l’Unesco, 21000 Dijon. Citedelagastronomie-dijon.fr