Lorsque Laurence Pineau-Valencienne a décidé de faire construire une maison au cœur de la campagne des Pouilles, elle ne se doutait pas de la patience dont elle allait devoir faire preuve pour mener à bien son projet. Un imbroglio politique local a retardé sa demande de permis de construire, qu’elle n’a obtenu qu’au bout de dix-huit mois. Ensuite, elle a dû patienter autant de temps pour que la propriété soit finalement branchée au réseau électrique…
Une maison qui contemple la nature
La construction de cette maison dans les Pouilles relève presque du miracle ! D’ailleurs, lorsqu’elle a découvert, puis parcouru le terrain pour la première fois, elle l’a trouvé tellement isolé et sur une pente si raide qu’elle l’a imaginé inconstructible. On y accède après avoir suivi un dédale de routes étroites, bordées de murs de pierres sèches, d’oliviers centenaires et de trulli (constructions rurales du sud de l’Italie). « Il y a un côté biblique, s’enthousiasme Laurence Pineau-Valencienne. J’ai l’impression que je pourrais croiser un homme en toge blanche, avec un âne, à tout moment. » En même temps, le site est à quinze minutes en voiture seulement de l’aéroport de Brindisi. Mais ce qui l’a surtout séduite, c’est la vue spectaculaire sur l’Adriatique.
Pour dessiner la maison, Laurence Pineau-Valencienne a fait appel à son amie de longue date, l’architecte d’intérieur parisienne Roxane Rodriguez (Ladurée, boulangeries Paul…), qui a grandi entourée d’objets appartenant au monde des arts (son père, Albert Rodriguez, est le président du marché aux puces de Saint-Ouen). « Elle est très raffinée et a une sensibilité incroyable », commente la propriétaire. Pour valider son projet, la décoratrice a choisi de s’associer à l’architecte italien Pierangelo Caramia et de puiser son inspiration dans les maisons traditionnelles des Pouilles. Elle a retenu l’épaisseur de leurs murs peints à la chaux, les escaliers qui semblent monter vers le ciel et la façon dont ces bâtisses sont ancrées dans la terre. Elle a également repris leurs formes en arches et leurs fenêtres rondes. « On voulait que la maison contemple la nature, une vue qui incite à la méditation », explique-t-elle.
Une vision commune
Concernant les intérieurs, les deux amies avaient une vision commune, malgré des goûts différents. L’approche de Roxane est empreinte de rigueur et d’une inspiration intellectuelle ; l’esthétique de Laurence est, elle, plus exubérante et spontanée. Elles ont donc visé la simplicité. « Dans ma vie, j’ai travaillé sur des projets très sophistiqués et même assez baroques, relate Roxane, mais dans ce lieu, la nature est si présente que nous voulions revenir à des choses basiques. » La décoration est donc marquée par une grande sobriété : des murs chaulés, des plinthes en béton ciré et des plafonds arrondis. Deux fenêtres panoramiques ont également été installées, pour mettre en valeur la vue, ainsi qu’une cheminée sur mesure. Quant au plan, il ne pouvait guère être plus élémentaire : un salon central avec une chambre de chaque côté.
Le goût de la chine
Le mobilier mélange des pièces disparates, de sources multiples, dans un esprit décontracté. Le fauteuil en cuir anglais du XIXe siècle, installé dans le salon, a été déniché aux puces. Plusieurs kilims proviennent de la collection du père de la maîtresse des lieux, tandis que d’autres éléments ont été sélectionnés pour apporter une touche typiquement italienne : le lustre en verre de Murano, le cheval sur le manteau de la cheminée créé par le céramiste local Nicola Fasano ou la table dans la chambre d’amis, utilisée à l’origine pour sécher les pâtes fraîches.
Au début de cette aventure, Laurence envisageait la maison exclusivement comme lieu de vacances. S’y sentant si bien et ayant tant de mal à la quitter, elle a décidé d’ouvrir un concept-store à proximité, à Ostuni, Galleria Valencienne, dans lequel elle présente une sélection d’objets éclectiques, allant de statues de la Vierge en cire à une collection de robes dessinées par Roxane Rodriguez en passant par des tableaux de l’artiste française Alma Vallé, mais aussi des tirages photographiques de la sœur de cette dernière, Joséphine Vallé Franceschi. « Beaucoup de gens supposent que j’ai retapé une ancienne masseria (une grande propriété agricole, NDLR) ! C’est le plus beau compliment que l’on pouvait me faire », se réjouit Laurence.
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