Du bleu nuit, de l’aubergine, de l’irisé, de l’orange pâle, du rose poudré… La couleur est au cœur des expositions toulonnaise et hiéroises du festival Design Parade 2022 (voir la vidéo ci-dessous).
50 nuances d’intérieurs modernes
Elle est présente jusque sur les murs des escaliers de la Villa Noailles, qui s’est parée de fresques végétales multicolores peintes par l’artiste Adrian Geller. Un choix qui peut surprendre dans cette maison blanche moderniste, habile assemblage de figures géométriques imaginé par Robert Mallet-Stevens entre 1923 et 1925.
Dans la mémoire collective, la modernité est systématiquement associée au noir et blanc : un cliché que vient démonter « Intérieurs modernes », une exposition du Centre Pompidou à l’Hôtel des arts de Toulon proposées par la villa Noailles. Le propos : des chefs d’œuvre de la modernité française, soit une centaine de meubles, dessins et objets des années 20 et 30 issus des collections du centre Pompidou, rarement montrés, et signés des plus grands designers du XXe siècle comme Charlotte Perriand, Francis Jourdain, Djo Bourgeois dont les photos en noir et blanc nous ont longtemps laissé croire à bichromie des projets.
C’est d’abord la scénographie de l’exposition qui nous met sur la piste. Le jeune designer Joachim Jirou-Najou a repeint les couloirs et salles de l’hôtel des arts en jaune pâle, rose poudré et bleu, pour faire écho aux intérieurs de l’époque. « La polychromie est un puissant moyen pour servir la fonctionnalité et parvenir au dépouillement de l’espace caractéristique d’une idée neuve, le confort… » explique Anne-Marie Zucchelli, dans le catalogue de l’exposition qui propose ainsi une salle entièrement dédiée aux dessins et croquis des créateurs modernes. Le regard est attiré par un living room bleu pâle meublé d’un canapé citron, un salon où les murs marine et jaune sont associés à une table basse verte ou un espace polychrome de Le Corbusier pour l’Armée du salut.
Nouveaux décors méditerranéens
Le voyage en polychromie se poursuit à l’Ancien évêché de Toulon où s’expriment les jeunes architectes d’intérieur en compétition. Alors que les scénographies qui évoquent la Méditerranée ont longtemps joué l’épure et le blanc, la jeune garde de la création semble s’extraire de ce tic. C’est d’ailleurs « Sardine Sardine », la tente jaune citron et orangé de Madeleine Oltra et Angelo de Taisne qui a remporté le prix d’architecture d’intérieur, alors qu’elle était en compétition avec de nombreuses pièces au blanc monacal.
Il faut s’aventurer dans l’ancien évêché, centre névralgique de la design parade à Toulon, pour poursuivre la visite du colorama. Le designer Arthur Hoffner, propose une scénographie psychédélique, un dialogue de violet et de citron avec une construction géométrique, comme un temple psychédélique.
Un peu plus loin, les lauréats de l’an dernier, Marc-Antoine Bielher et Amaury Graveleine, nous invitent eux chez Madame Cristal, un salon bleu nuit entièrement brodé de symboles magiques cousu par Lesage Intérieurs.
Autant d’antichambres de l’exposition « Contre-Soirée », de Rodolphe Parente, président du jury et prétexte à une explosion chromatique parfaitement maitrisée. D’un film irisé qui court le long d’une salle à manger à un couloir aubergine et pêche, les expositions nous réconcilient avec la couleur, composante essentielle des intérieurs depuis la nuit des temps et nous engagent à la rapprivoiser…
Informations sur les trois expositions de la Design Parade 2022 :
> Design Parade Hyères à la Villa Noailles, montée Noailles, 83400 Hyères, jusqu’au 4 septembre.
> Exposition Design Parade Toulon, à l’Ancien Evêché, 69 cours Lafayette à Toulon, jusqu’au 3 octobre.
> Intérieurs Modernes 1920-1930, Hôtel des arts TPM Toulon, 236 boulevard Maréchal Leclerc, jusqu’au 30 octobre.