Parmi les raisons de visiter la Biennale internationale design Saint-Étienne 2022, qui a pour thème « Bifurcations », voici trois expositions qui ouvrent de nouvelles voies dans le domaine de l’habitat, de l’automobile et du corps. À découvrir jusqu’au 31 juillet.
At Home : panorama de nos vies domestiques
Trois professeures de l’université de Kingston, à Londres, Penny Sparke, Jana Scholze et Catharine Rossi, sont les commissaires de cette exposition, à Saint-Etienne, qui interroge sur le sens de « se loger » en cinq thèmes : Utopie, Abri, Identités, Bien-être et Connectés. Un parcours jalonné d’objets, d’œuvres d’art et de projets – comme le centre Maggie’s du Royal Marsden Hospital, en Angleterre –, exprimant différentes façons d’habiter. Sur le concept d’abri, le logement est perçu comme un droit de l’Homme, tout en soulevant le paradoxe que certains matériaux de construction ou la présence de personnes vivant sous le même toit peuvent rendre cette maison toxique. Habiter, c’est aussi travailler dans des maisons de plus en plus connectées. La crise de la Covid 19 n’a fait que mettre en évidence cette réalité.
Dépliages : corps/accord avec l’objet industriel
Florian Traullé, designer pour la marque de sport Salomon et commissaire de l’exposition, nous déstresse d’emblée. « Produire moins mais mieux », c’est possible. C’est d’autant plus pertinent qu’en 2022 les signaux d’alerte sont au rouge. Le parcours de cette exposition, à Saint-Etienne, révèle ce qui existe déjà dans les entreprises, notamment dans la production liée au corps. Où l’on apprend qu’une chaussure de course peut être recyclée en chaussure de ski, qu’une tenue de sport légère peut protéger du froid, qu’une prothèse de jambe bionique, telle la Proteor du designer Édouard Archambeaud, permet de retrouver une démarche naturelle. Ou encore que les masques de plongée Easybreath, de l’enseigne Decathlon, transformés en respirateurs par la start-up italienne Isinnova, ont sauvé des vies lors de la crise sanitaire. On en conclut qu’il vaut mieux gérer la fragilité du corps que la craindre.
Autofiction : une biographie de l’objet automobile
Fini les belles américaines surdimensionnées, dorénavant seules nous intéressent les voitures à faible impact écologique. En tant que consommateur, il importe de s’interroger. Comment en est-on arrivé là ? Les véhicules influencent jusqu’à la configuration des villes et des paysages. Ils peuvent même nuire à la campagne électorale d’un(e) maire accusé(e) d’entraver la circulation. Cette biographie propose des solutions contre l’hégémonie de l’auto. Les commissaires, le designer Olivier Peyricot et la dramaturge Anne Chaniolleau, multiplient les exemples, comme ces esthétiques dessins de voitures correspondant aux signes du zodiaque par l’architecte François Dallegret. De la 2 CV Méhari Club V Cassis au toit transformable en bateau, imaginée par des étudiants de l’ÉCAL, à l’AMI One électrique, de Citroën (photo), les pistes de réflexion semblent infinies.
> Biennale internationale design Saint-Étienne 2022, jusqu’au 31 juillet.