Jusqu’au 31 janvier, la galerie Pradier-Jeauneau, au Marché Paul Bert Serpette à Saint-Ouen, convoque une des icônes du design du XXe siècle, via l’exposition Charlotte Perriand au Japon. La galerie présente des créations du dessinateur et bédéaste Charles Berberian, qui s’est plongé dans la période japonaise de la célèbre designer.
« Le vide contient tout»
« Il y a plusieurs manières de penser et nous ne sommes pas, nous, Européens et Français, le nombril du monde, ça n’est pas vrai» déclarait Charlotte Perriand en 1997 au micro de France Culture, interrogée sur son voyage au Pays du soleil levant. «Moi, je me suis trouvée comme un poisson dans l’eau au Japon, d’emblée. J’ai découvert au Japon, 100 % traditionnel à l’époque, le vide, le pouvoir du vide, la religion du vide, au fond, qui n’est pas le néant. Pour eux, c’est la possibilité de se mouvoir. Le vide contient tout.»
Invitée par le gouvernement à la veille de la Seconde Guerre mondiale, en tant que conseillère culturelle, ce séjour marquera durablement Charlotte Perriand, et imprégnera sa vision du design et de l’architecture. C’est pourquoi, tout naturellement, à l’occasion de la rétrospective qui lui est consacrée en 2019 à la Fondation Louis Vuitton, Charles Berberian choisit d’évoquer cette période mémorable à travers l’ouvrage Charlotte Perriand: une architecte française au Japon 1940-1942.
L’ère nippone de Charlotte Perriand
«Les deux ans au Japon sont une période charnière dans le parcours de Charlotte Perriand. Ça me paraissait intéressant de focaliser là-dessus, de la montrer en train de trouver son centre de gravité d’architecte et de femme, en pleine période trouble et agitée, dans un pays hostile à l’époque. De plus, graphiquement, le Japon est très inspirant pour moi.» explique le dessinateur qui a découvert l’univers de la Française à l’occasion de cet ouvrage : « Je ne connaissais rien de l’œuvre de Charlotte Perriand. Mais en lisant son autobiographie: Une Vie de Création, j’ai été conquis à la fois par son œuvre, sa personnalité et ses points de vue. J’ai ensuite passé plus d’une année à travailler sur cette bande dessinée et c’est comme si j’avais passé du temps en sa compagnie. J’ai eu beaucoup de chance.»
Trois ans après la publication de ce livre aux éditions du Chêne, l’univers de Perriand revu par Berberian fait son retour à la galerie Pradier-Jeauneau pour une exposition mettant à l’honneur les dessins originaux, mais aussi des inédits avec des variations de papier et de couleurs, des études, des portraits … Le tout décrivant la cérémonie du thé, d’élégants kimonos et certaines créations pensées par Perriand.
En plus de ces œuvres, la galerie propose à la vente un carnet qui reprend tous les dessins de l’exposition. Les amateurs pourront aussi s’offrir un dessin disponible en 100 exemplaires en impression limitée, chacun numéroté et dédicacé par Charles Berberian.
> “Charlotte Perriand au Japon” par Charles Berberian, à la galerie Pradier-Jeauneau au Marché Paul Bert, allée 6 stand 93, jusqu’au 31 janvier.