Baxter : Christophe Delcourt dans son élément

Chez Silvera, distributeur parisien de l’éditeur italien Baxter, le designer français, anti-démonstratif, a présenté cet automne un canapé, un fauteuil, des poufs, des tables et une console. Tout commence par un grand sofa modulaire au cuir extraordinaire dans lequel on peut se lover comme on veut. C’est quand même la base non ?

Paolo Bestetti, président de Baxter, est du genre directement impliqué dans le détail de sa production. Il y a trois ans, il avait repéré à Milan le travail que Christophe Delcourt avait exposé sous son propre nom.

Baxter, des canapés empreints d’élégance

Un journal milanais avait d’ailleurs titré : « Ils font tous la cour à Christophe Delcourt. » Les arrondis atténués qui faisaient déjà partie de la touche personnelle du designer sont toujours présents dans le nouvel ensemble édité par Baxter, en 2021. Soit un canapé, un fauteuil, des poufs, des tables et une console. Avec Delcourt, ce jour-là en marathon de présentation chez Silvera, la conversation démarre sur la qualité des cuirs de l’éditeur italien. Il ne s’agit pas seulement de la douceur de la peau, mais aussi de ses couleurs, dont les choix sont nuancés, comme on dirait « gris nuage ». Christophe Delcourt se sait soutenu par un savoir-faire et une expertise maison. En même temps, il a progressé presque à bride abattue dans son projet, disposant d’un champ d’action très ouvert.

Baxter ne se soucie pas de l’élégance à tout prix, ni d’être adoubée par le regard d’autrui, un sentiment pourtant très français, énonce le designer à propos de sa ligne pour l’éditeur italien.
Baxter ne se soucie pas de l’élégance à tout prix, ni d’être adoubée par le regard d’autrui, un sentiment pourtant très français, énonce le designer à propos de sa ligne pour l’éditeur italien. Andrea Ferrari

Libre à lui d’interpréter le salon 2021 comme étant innovant, par le biais de modules qui, une fois assemblés, composent le sofa Clara pour l’éditeur Baxter. Son idée est en effet ici de permettre d’agencer le salon en partant du centre de la pièce et non de sa périphérie, comme souvent. Clara comprend trois éléments arrondis qui, réunis, forment un canapé fluide, tel un galet, car ses pieds sont invisibles. « C’est comme en architecture, cela crée une ombre qui décolle le meuble du sol. Le mobilier semble flotter. Il paraît donc plus léger », explique le designer. Léger, il l’est vraiment ! L’équipe de Silvera a remarqué que Clara était très facile à déplacer. Ces médiateurs entre le créateur et le public savent que c’est un détail qui compte. « Bouger un meuble ou pas, dans les couples, c’est un vrai sujet ! » ajoute Christophe Delcourt en riant. Les clients jouent d’ailleurs le jeu dans le magasin, en manœuvrant le pouf Beki ou le repose-pied du fauteuil Keren, avec en tête la topographie de leur intérieur. Chez Silvera, il est fréquent d’entendre les visiteurs s’interroger sur la taille imposante des sofas, souvent made in Italy. Considérant la surface moyenne des salons parisiens, c’est compréhensible ! 

Eviter le total look

Or, le designer ne cherche pas à faire grand, il « ajoute des fonctions ». C’est un avantage, presque un luxe, de pouvoir juxtaposer une console et se mettre à lire, regarder un film ou travailler sur son ordinateur, recevoir des amis, bref jouir de possibilités multiples. « On ne conçoit pas pour soi, mais pour les besoins d’un public, rappelle-t-il. La difficulté, c’est de faire comprendre aux gens la diversité des options. Il faut tout anticiper, y compris les différences suivant les pays. Le créateur doit être conscient des marchés. » Avoir en tête aussi bien l’appartement parisien que la maison californienne. Heureusement, les défis techniques ne font pas peur à Paolo Bestetti. Car au contact permanent du corps, fut-ce du bout des doigts, les matériaux sont ici évidemment primordiaux.

Le sofa Clara (à gauche), les fauteuils et le repose-pied Keren, la table Fany (à droite).
Le sofa Clara (à gauche), les fauteuils et le repose-pied Keren, la table Fany (à droite). Andrea Ferrari

Pour leur faire épouser des formes rondes, il faut savoir comment parer à la multiplication des coutures, ce qui n’est plus couture du tout ! Cette conception d’un canapé devenant la pièce centrale du salon révèle d’ailleurs bien, selon Christophe Delcourt, l’attitude décontractée de son éditeur Baxter, chez qui le fameux « ça, ce n’est pas nous ! », qui fige vite une marque, n’a pas cours. En témoigne un catalogue, qui, comme parsemé de produits intrus, évite l’écueil du total look. « L’idée n’est pas d’avoir un showroom chez soi, mais de s’approprier les choses, de raconter sa propre histoire avec ce qui vous correspond », conclut Christophe Delcourt.

> Découvrir la collection de Christophe Delcourt pour l’éditeur italien.