Pardon d’ouvrir ce papier avec la sempiternelle question du patronyme. Mais quand on s’appelle De Caunes, c’est toute la France qui résonne. Pourtant, chez Lison, ce n’est pas ce nom de famille-là qui importe, mais plutôt celui d’André Groult. Fameux décorateur et illustre maître de la marqueterie de paille, c’est lui qui a insufflé à Lison de Caunes le sens de sa vie.
Le monde de Lison de Caunes gravite loin, très loin, du grand public. Le savoir-faire qu’elle a remis au goût du jour ne vous dira peut-être rien mais s’invite pourtant dans les intérieurs les plus précieux. En effet, de Jacques Grange à Maria Pergay, tous sont fous de marqueterie de paille. Plus récemment, la technique s’est illustrée sur les murs de l’opus parisien de la maison Cheval Blanc ou encore dans la boutique Guerlain des Champs-Elysées.
De quoi parle-t-on ?
La marqueterie de paille a longtemps été considérée comme le parent pauvre de la marqueterie de bois. Concrètement, il s’agit de lisser et coller de fins brins de paille de seigle afin d’obtenir le motif souhaité. Moins onéreuse mais également moins prestigieuse, elle sert, au XVIIème siècle, de décoration pour ceux qui n’avaient pas le luxe de se payer du bois.
Dans les années 1920, deux éminentes figures du mouvement Art déco entreprennent de faire de ce savoir-faire une des caractéristiques majeures de leur style. Celle-ci s’invite donc sur des revêtements, des meubles et même des petits objets afin de leur donner une allure magistrale.
La technique tombe ensuite en désuétude alors que le mouvement s’essouffle. Jusqu’à l’intervention de Lison de Caunes.
Le renouveau de la marqueterie de paille
Alors diplômée en reliure, Lison de Caunes se met à restaurer d’anciens objets décorés de paille dans les années 1970. Internet n’existe pas, les manuels sur le sujet non plus : elle s’applique alors avec bon sens et à partir des souvenirs de son grand-père à rendre leur éclat à ces pièces précieuses. Temps et patience aiguiseront son œil et son savoir-faire.
La rue de Mayet abrite désormais non pas un, mais cinq lieux estampillés Lison de Caunes. Showroom et ateliers font de cette petite artère du VIème arrondissement le haut-lieu de la marqueterie de paille à Paris. C’est ici que se croisent les doigts les plus agiles de l’Hexagone, tous formés et entraînés par Lison en personne.
En 2021, Lison de Caunes n’est plus la seule à créer autour de la marqueterie de paille. Nombreux sont ceux qui sont passés par ses ateliers avant de se lancer en solo. La pionnière reste néanmoins la référence de ce petit milieu, interrogée pour les plus beaux projets par les clients les plus prestigieux.
Le style Lison de Caunes
Loin de se reposer sur ses lauriers, cette grande dame de la déco est toujours en quête d’innovation. Dans son atelier, les couleurs et les motifs sont en évolution perpétuelle. On teste, on peaufine… Certaines nouvelles planches sont incrustées de matériaux précieux, d’autres sont gaufrées. Les inspirations viennent de partout, et surtout des croquis d’André Groult.
Si ses idées sont vouées à être apposées n’importe où les décorateurs qui franchissent le seuil des Ateliers Lison de Caunes l’entendent (un mur, un plafond, une porte…), celle qui a été nommée Chevalier de la Légion d’Honneur en 2010 commercialise depuis 2015 ses propres meubles sous le nom de Lison de Caunes Créations. Table basse, paravent et objets décoratifs (coffrets, plateaux…), elle applique la marqueterie de paille à des objets du quotidien, dans un style singulier et intemporel.
Par Excellence
Parce qu’elle est engagée depuis longtemps en faveur de la promotion des savoir-faire exceptionnels français, Lison de Caunes est membre du collectif Par Excellence aux côtés de huit autres partenaires : Atelier de Ricou, les Ateliers Jouffre, les Ateliers Saint-Jacques, Auberlet & Laurent, Declercrq Passementiers, la Manufacture de tapis de Bourgogne, Maison Meljac et Ozone.
Cette année, le collectif a imaginé une scénographie inédite à venir admirer au 20 rue de Mayet, à travers la vitrine du showroom des Ateliers Lison de Caunes. Agencé par le scénographe Constant Clesse, cet espace d’exposition présente des éléments réalisés pour l’occasion, en collaboration entre les différents membres du collectif.