Développement désirable : quand les marques recyclent

Rien ne se perd, rien de se crée, tout se transforme. L'adage sied à merveille à l'initiative de ces jeunes marques qui s'engagent pour l'environnement en utilisant le recyclage dans leur processus de création, sans oublier leur ADN esthétique.

La Paris Design Week 2021 s’est tenue sous l’étendard du développement désirable. De nombreuses marques avaient donc logiquement fait le déplacement pour répondre à l’appel engagé de la grande foire du design parisien et présenter leurs créations réalisées à partir de matières innovantes et recyclées.


Noma : le réemploi des rebuts

Les bougeoirs de Sam Baron incarnent la notion de développement durable.
Les bougeoirs de Sam Baron incarnent la notion de développement durable. Kristen Pelou

Noma, c’est l’acronyme de NObles MAtières. Déjà en activité depuis une poignée d’années, l’éditeur français est apparu, dans les allées du salon Maison & Objet, comme l’un des stands les plus intéressants de cette édition 2021. Parce qu’il perçoit le « beau comme le plus puissant vecteur de changement », le duo à la tête des éditions Noma ne sacrifie pas l’esthétique au service de l’environnement. Ainsi, la recherche et développement est au centre de ses préoccupations afin de permettre aux designers d’imaginer leurs nouveaux projets sans limite. Pour appuyer sa démarche, chaque nom de produit s’adjoint son pourcentage de matière recyclée. Cette année, Noma introduit une collection de bougeoirs-chandeliers uniques, façonnés dans des pierres brutes mises au rebut dans les carrières dont elles sont issues. Sam Baron, le créateur de la gamme Pedra 99,6 %, a ainsi choisi de célébrer le vivant, même imparfait, à travers les pièces uniques de cette nouvelle collection.

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Newtab-22 : from the ocean with love

Vases, miroirs, boîtes mais aussi carreaux de ciments et bougeoirs : les possibilités du Sea Stone sont infinies.
Vases, miroirs, boîtes mais aussi carreaux de ciments et bougeoirs : les possibilités du Sea Stone sont infinies. Newtab-22

Leur histoire commence par deux découvertes. Chaque année, 7 millions de tonnes de coquillages sont rejetées par l’industrie des fruits de mer et l’aquaculture. Aussi, le carbonate de calcium contenu dans les coquillages jetés, qui les compose à de plus de 90 %, est similaire au calcaire considéré comme un matériau précieux. Il n’en fallait pas plus pour écrire les premières lignes d’une belle histoire… La marque coréenne Newtab-22 imagine des petits objets de décoration à partir d’une poudre faite des coquillages récupérés dans les fermes aquatiques et les restaurants. De cette poudre naît une matière inédite, le Sea Stone, d’apparence semblable à un terrazzo, modelable à l’infini. En la matière, et afin de poursuivre la cohérence de sa démarche, Newtab-22 n’utilise pas d’énergie thermique élevée ou de grandes quantités d’électricité dans ses processus de fabrication.

> Newtab-22


Zuiver : les grandes marques s’y mettent aussi

A gauche : le bureau Good Plastic. A droite : la chaise Albert Kuip Café.
A gauche : le bureau Good Plastic. A droite : la chaise Albert Kuip Café. DR

A l’occasion de ses dix ans, et comme un clin d’œil au thème du Développement Désirable, la marque néerlandaise Zuiver a présenté plusieurs nouveautés recyclées sur le salon Maison & Objet. Un prototype de chaise, tout d’abord, qui sortira bientôt des usines façonnée dans une matière composée de plastique récupéré sur les plages et dans les océans. Un bureau, aussi, déjà prêt à la commande, dont le plateau est entièrement composé de plastique recyclé. A noter : la marque milite depuis sa fondation en faveur d’un design responsable, en utilisant notamment des emballages recyclés et en travaillant avec un laboratoire de recherches et développement à la création de nouvelles matières responsables. Une chaise dont l’assise est composée à 42,5 % de résidu de café est d’ailleurs née de ces recherches…

> Zuiver


Kataba : développement désirable depuis toujours

Le bureau Kompa, dessiné par le designer Samuel Accoceberry.
Le bureau Kompa, dessiné par le designer Samuel Accoceberry.

En associant un design radical à une éco-conception exemplaire, la marque française Kataba propose des alternatives qui réconcilient la terre et les hommes. Soucieux de son impact social, économique et environnemental du mobilier, la marque est au cœur d’une chaîne de valeur vertueuse et sans compromis et se positionne ainsi comme la référence en mobilier durable et éco-responsable. Ainsi, le cycle de vie d’un produit est maîtrisé à 100 %, du choix des matières premières à son emballage, en passant par le recyclage.

> Kataba


Dunia : sauver les mers et les forêts

La table et les chaises Birrea éditées par Dunia.
La table et les chaises Birrea éditées par Dunia. DR

Dunia a elle aussi créé son propre matériau. Le Greenwood n’est pas du bois. Il s’agit d’un amas de plastiques récupérés puis fondus qui, une fois travaillé, donne l’illusion parfaite d’un panneau de bois. Motivée par l’urgence de sauver les arbres de la surproduction et de leur importance dans la séquestration du CO2, la marque tanzanienne a doublé son objectif écologique en employant des plastiques voués à la décharge pour ses productions. Ainsi, les meubles siglés Dunia ont l’allure de véritables pièces pétries dans le bois mais sont en fait l’œuvre d’une démarche responsable. En swahili, « dunia » signifie « terres » ou « mondes ». Il n’y a pas de secret…

> Dunia