Portrait : Festen, nouvelles stars de la décoration française

Dix ans après leurs débuts, Charlotte de Tonnac et Hugo Sauzay ont assis leur réputation. Entre références au passé et libre création, leurs réalisations – les hôtels Rochechouart, Pigalle ou Les Roches rouges, mais aussi des aménagements d’appartements ou de boutiques – nous séduisent à chaque fois.

La première fois que nous avons vu un projet de l’agence d’architecture intérieure Festen, ce fut le coup de foudre immédiat avant même de connaître ses fondateurs. Nous avons aimé leur façon de se passer du superflu sans jamais livrer d’espaces cliniques. Si épure il y a, elle se trouve chez eux au carrefour de différentes époques et styles du passé.

Sobriété de l’espace, murs blancs, mobilier sur mesure ou chiné, tout cela est récurrent dans leur travail même si l’on a souvent l’impression que tout a été posé très librement. Dans un appartement du quartier de la République, ils ont conçu une cuisine tout en Inox. Le seul arrondi des portes produit l’élégance de l’ensemble et rappelle que l’on est « at home » et pas dans un pseudo-laboratoire de grand chef.

Festen et la transmission d’influences

Charlotte de Tonnac et Hugo Sauzay sont à l’aise avec la transmission et les influences. S’ils ne font pas table rase du passé, ils ne plagient jamais pour autant. À Paris, à l’hôtel-restaurant Le Pigalle, la structure et les détails classiques du bâtiment d’origine, les vestiges historiques du lieu, sont partout sympathiques : du marbre très graphique distillé dans les salles de bains au canapé en cuir vintage, qui tend littéralement les bras aux convives.

À l’Hôtel Rochechouart, grand établissement Art déco parisien du IXe arrondissement, on pourra changer de chambre à chaque passage puisqu’elles sont toutes différentes. Il y flotte en plus une atmosphère de décor de cinéma, sans tomber dans la reconstitution muséale. À Saint-Raphaël, dans l’écrin moderniste de l’hôtel Les Roches rouges, avec vue imprenable sur la mer, la dissimulation des écrans plats s’impose.

Ne jamais donner l’impression de remettre les clés de chez eux.

Cela se passe de déclaration de style. Il s’agit plutôt d’une partition (d’aménagements) jouée en harmonie avec le paysage, au service du bien-être des hôtes. De Portofino (Italie) à Majorque (îles Baléares), les groupes hôteliers sont plusieurs à les solliciter pour leur talent à distiller, à l’hôtel, la libre intimité que l’on trouve chez soi.

Dépoussiérer, démaquiller des espaces ou faire revivre un lieu sans pastiche, Charlotte et Hugo sont du genre à dessiner tout le mobilier d’un projet sans que cela transparaisse. Finalement, leur atout maître, quand ils achèvent un chantier, c’est de ne jamais donner l’impression de vous remettre les clés de chez eux.

A gauche : Charlotte de Tonnac et Hugo Sauzay fondateurs de l’agence Festen. A droite : La maison en bois au cap Ferret ayant été, avec celle de l’île de Ré, tellement médiatisée dans les années 90 que Festen ne peut que l’interpréter en l’épurant au maximum sans code.
A gauche : Charlotte de Tonnac et Hugo Sauzay fondateurs de l’agence Festen. A droite : La maison en bois au cap Ferret ayant été, avec celle de l’île de Ré, tellement médiatisée dans les années 90 que Festen ne peut que l’interpréter en l’épurant au maximum sans code. DR
A l’Hôtel des Roches Rouges (Var), tout a été pensé pour que la vue, fantastique, demeure le spectacle principal.
A l’Hôtel des Roches Rouges (Var), tout a été pensé pour que la vue, fantastique, demeure le spectacle principal. DR
Charlotte de Tonnac et Hugo Sauzay appliquent à leur propre biotope ce qu’on aime dans leur travail : absence de superflu, parquet préservé, objets aimés, mobilier chiné ou sur mesure, art tout sauf frimeur et de l’espace pour circuler.
Charlotte de Tonnac et Hugo Sauzay appliquent à leur propre biotope ce qu’on aime dans leur travail : absence de superflu, parquet préservé, objets aimés, mobilier chiné ou sur mesure, art tout sauf frimeur et de l’espace pour circuler. DR
La salle du restaurant de l’hôtel des Roches Rouges à Saint-Raphaël.
La salle du restaurant de l’hôtel des Roches Rouges à Saint-Raphaël. DR