La première fois que nous avons vu un projet de l’agence d’architecture intérieure Festen, ce fut le coup de foudre immédiat avant même de connaître ses fondateurs. Nous avons aimé leur façon de se passer du superflu sans jamais livrer d’espaces cliniques. Si épure il y a, elle se trouve chez eux au carrefour de différentes époques et styles du passé.
Sobriété de l’espace, murs blancs, mobilier sur mesure ou chiné, tout cela est récurrent dans leur travail même si l’on a souvent l’impression que tout a été posé très librement. Dans un appartement du quartier de la République, ils ont conçu une cuisine tout en Inox. Le seul arrondi des portes produit l’élégance de l’ensemble et rappelle que l’on est « at home » et pas dans un pseudo-laboratoire de grand chef.
Festen et la transmission d’influences
Charlotte de Tonnac et Hugo Sauzay sont à l’aise avec la transmission et les influences. S’ils ne font pas table rase du passé, ils ne plagient jamais pour autant. À Paris, à l’hôtel-restaurant Le Pigalle, la structure et les détails classiques du bâtiment d’origine, les vestiges historiques du lieu, sont partout sympathiques : du marbre très graphique distillé dans les salles de bains au canapé en cuir vintage, qui tend littéralement les bras aux convives.
À l’Hôtel Rochechouart, grand établissement Art déco parisien du IXe arrondissement, on pourra changer de chambre à chaque passage puisqu’elles sont toutes différentes. Il y flotte en plus une atmosphère de décor de cinéma, sans tomber dans la reconstitution muséale. À Saint-Raphaël, dans l’écrin moderniste de l’hôtel Les Roches rouges, avec vue imprenable sur la mer, la dissimulation des écrans plats s’impose.
Ne jamais donner l’impression de remettre les clés de chez eux.
Cela se passe de déclaration de style. Il s’agit plutôt d’une partition (d’aménagements) jouée en harmonie avec le paysage, au service du bien-être des hôtes. De Portofino (Italie) à Majorque (îles Baléares), les groupes hôteliers sont plusieurs à les solliciter pour leur talent à distiller, à l’hôtel, la libre intimité que l’on trouve chez soi.
Dépoussiérer, démaquiller des espaces ou faire revivre un lieu sans pastiche, Charlotte et Hugo sont du genre à dessiner tout le mobilier d’un projet sans que cela transparaisse. Finalement, leur atout maître, quand ils achèvent un chantier, c’est de ne jamais donner l’impression de vous remettre les clés de chez eux.