Quel rôle pour le design et les designers dans un monde post-Covid ? Du 9 au 18 septembre 2021, la Paris Design Week se réinvente en se posant cette question cruciale pour l’avenir de la discipline. Alors que le Salon du meuble de Milan se tient exceptionnellement en septembre (du 5 au 10), Paris veut faire jouer sa singularité et montrer ses spécificités en termes de création contemporaine. Et bien sûr jouer la carte de la complémentarité avec le salon Maison & Objet (9-13 septembre) dont la PDW dépend.
Pour les deux événements, l’objectif est pourtant commun : stimuler le redémarrage économique post-Covid d’un secteur qui, paradoxalement, a plutôt bien traversé la crise sanitaire. La Paris Design Week a décidé de s’inscrire dans la réflexion sur « le monde d’après » en plaçant l’événement sous le mot d’ordre du « développement désirable ». Une façon de montrer comment les designers répondent aux impératifs écologiques tout en cultivant le sens du beau.
La PDW 2021 se veut donc une plateforme pour démontrer comment les designers ont travaillé durant les 18 derniers mois pour inventer un monde plus respectueux, plus frugal, plus bienveillant… « Un art de vivre en harmonie avec la nature, qui sait tirer profit de la technologie tout en faisant appel aux savoir-faire traditionnels », comme l’énoncent ses représentants. Début septembre, l’édition 2021 s’apprête à prendre possession de 200 lieux de la capitale, avec trois pôles d’attraction principaux.
Quartier rue du Bac / Boulevard Saint-Germain (soirée de vernissage le 9 septembre)
Dans le Triangle d’or du mobilier contemporain, nombreux sont les éditeurs et les galeries à participer à cette Paris Design Week 2021. Molteni&C/Dada ouvrira les portes de son showroom fraîchement réaménagé par Vincent Van Duysen. Muuto dévoilera son flagship-store XXL et Made.com présentera ses dernières nouveautés éco-responsables dans son showroom proche de la Place des Victoires…
Les galeries des grands décorateurs se joignent à l’événement en montrant leur mobilier d’exception signé Thierry Lemaire, Sandra Benhamou ou India Mahdavi… La Galerie Valérie Guérin prévoit, elle, un accrochage consacré à « la réconciliation de l’homme avec la nature », avec les designers Marie-Sarah Adenis, Germain Bourré… Dans le même esprit, signalons la présentation de la première collection du nouvel éditeur de luminaires made in France Art & Floritudes dans un ancien atelier de peinture de la Rive gauche.
Marais (soirée de vernissage le 11 septembre)
Dans le Marais, la Paris Design Week se concentre sur la création émergente et présente prototypes et collections inédites de jeunes designers. « Pour tous ces jeunes créateurs, on sent que la dimension développement durable est complètement digérée », s’enthousiasme Pierre Gendrot, le coordinateur de la PDW. Baptisé Factory, il se concentre dans les trois succursales de la galerie Joseph. Rue de Turenne, seront regroupés les projets de jeunes tout juste sortis d’école (ESAD Reims, Saint-Etienne…) sur le thème du Développement désirable. Une thématique prologée à l’Espace Commines, avec 20 designers dont les Grand Prix de la création de la Ville de Paris, l’instrument de musique XXL en matériaux recyclés de Gregory Granados (projet STEP) ainsi qu’une sélection de prototypes qui seront ensuite vendus sur le site Catawiki. Enfin, l’espace Froissart présentera une sélection de designers internationaux : des mexicains, des slovènes, un Camerounais (Pierre-Christophe Gam et sa collection Njoya en raphia) ainsi que des Espagnols en partenariat avec la Madrid Design Week.
IKEA investit lui aussi le Marais avec un parcours immersif où le géant suédois met en valeur toutes les actions qu’il a engagées pour réduire son empreinte écologique. Le public est attendu les 17 et 18 septembre de 10 h à 19 h au 5, rue Saint-Merri pour « La Planète est notre Maison ».
Enfin, signalons que le nouveau venu Popus Editions ouvrira rue de Turenne un pop-up store pour faire découvrir ses collections pop inspirées des seventies.
Parcours « Design sur cour »
La partie la plus spectaculaire de cette Paris Design Week 2021 est en plein essor… De nombreux bâtiments historiques de la capitale ouvrent leurs portes à des créateurs contemporains qui y installent mobilier et œuvres d’art pour créer un dialogue fructueux.
L’exposition « Vivement demain » (du 13 au 15 septembre) convie dans les grands salons de la Sorbonne les travaux de 200 diplômés en design et métiers d’art (plumassier, cuir, orfèvrerie…) sur le thème du respect de l’environnement. Une initiative du Campus des métiers d’art et de design qui regroupe les grandes écoles de design et des lycées techniques très spécialisés.
A l’occasion de ses 60 ans, Diptyque investit La Poste du Louvre, fraîchement réouverte, avec une exposition d’art contemporain. La marque a donné carte blanche à quatre créateurs pour créer un espace surprenant et immersif avec comme point d’orgue une sculpture de l’artiste japonais Hiroshi Sujimoto. Chacune des œuvres diffuse un parfum élaboré par Diptyque. A voir du 10 septembre au 10 octobre 2021.
La filière bois investit l’hôtel de Lamoignon (Bibliothèque historique de la Ville de Paris) avec table géante en papier recyclé (Noma Editions) et une hutte géante d’Alexis Tricoire entourée de végétation, dédiée à la relaxation et à la méditation.
A la chapelle des Gobelins, le Mobilier National invite le duo A+A Cooren et Miguel Chevalier et présente les résultats d’un concours sur le mobilier des cours d’école/
A l’Hôtel de Coulanges, l’exposition « Frugal » accueillent des designers qui créent du beau avec des matériaux innovants (algues, champignons, coquillages…), comme Samy Rio ou Lucile Viaud.
Pierre Gonalons prend possession des jardins de l’hôtel de Sully où se trouve la dernière orangerie de Paris, ouverte exceptionnellement au public, avec une installation inspirée par les jardins du XVIIe .
Au Musée Cognac-Jay, le mobilier XVIIIe et les tableaux signés Boucher et Fragonard côtoient des œuvres de William Amor, des fleurs fabriquées avec des sacs plastiques recyclés.
Fraîchement réouverts après rénovation, le musée Carnavalet et le Musée de la Chasse dévoileront des surprises design dans leur parcours et le Musée Guimet (musée national des arts asiatiques) ouvrira ses collections au peintre et designer Pierre Bonnefille qui va créer une salle de méditation habillée de panneaux peints en or et disperser des œuvres au milieu des collections permanentes.
A voir aussi à la Paris Design Week 2021…
Ne ratez pas les journées Portes ouvertes organisées dans les studios de designers comme l’Atelier du Lavoir (où travaillent Elise Fouin, Sebastien Cordoleani…) et les Ateliers de la Cour de l’Industrie.