Que voulez-vous montrer d’Aldo Rossi ?
Alberto Ferlenga : Aldo Rossi était un personnage complexe, qui est passé par la peinture et d’autres médiums. C’était avant tout un intellectuel qui a exploré des terrains très variés. Cette exposition nous donne l’occasion de reconstituer cette aventure.
En présentant des maquettes, des dessins, mais aussi beaucoup de peintures…
J’ai voulu montrer les trois facettes de ce véritable « starchitecte » qui a travaillé au Japon et aux États-Unis. D’abord, il fut le premier Italien à obtenir le Pritzker Prize, en 1990. On découvre que ses projets, très puristes au départ, vont gagner en couleur et en complexité au fur et à mesure qu’il va observer les villes déjà construites – d’où le sous-titre de l’exposition, « L’Architecte et les villes ». La deuxième facette, c’est sa réflexion théorique, basée notamment sur des échanges épistolaires avec des confrères et des intellectuels. Enfin, l’événement révèle le dessinateur qu’était Aldo Rossi. De son vivant, il était reconnu en tant qu’artiste et vendait beaucoup de dessins et de peintures.
« Aldo Rossi préférait discuter cinéma et théâtre qu’architecture »
Le parcours propose des focus sur d’autres disciplines explorées par le maître…
Oui, par exemple Ornamento e Delitto (« ornement et crime »), un documentaire en noir et blanc (dont il est co-scénariste, en 1973, NDLR) influencé par le néoréalisme italien et tourné dans la périphérie de Milan. Il était difficile de parler d’architecture avec lui, il préférait discuter cinéma et théâtre ! Nous exposons aussi les splendides photos qu’a prises Luigi Ghirri du cimetière San Cataldo, à Modène, sorte de manifeste inachevé…
Comment montrer le travail d’un architecte à l’esthétique très forte, dans un espace tout aussi affirmé, dessiné par Zaha Hadid ?
La dynamique de ce musée ne permet pas un parcours chronologique, mais cela convient très bien à la philosophie de Rossi, qui reprenait souvent ses projets passés pour en construire de nouveaux et qui entremêlait les disciplines. Nous avons eu l’idée d’une mise en scène spectaculaire en plaçant au cœur de la galerie quelques maquettes de ses cités miniatures, très colorées. Rossi a créé un monde irrationnel, fantastique… et nous avons cherché à révéler ce voyage où tout se mêle de manière plus poétique que scientifique. Ce que l’on veut, c’est que les gens ressentent du plaisir en entrant dans ce monde…
> « Aldo Rossi. L’architteto e le città ». Au MAXXI, à Rome, jusqu’au 17 octobre.