Florent Blanchard, designer du bois au service du réemploi

Rencontre avec Florent Blanchard, fondateur de DOD_Objets, jeune studio de design parisien qui donne une seconde vie aux bois indésirés.

 

Comment l’aventure DOD a-t-elle débuté ?
Florent Blanchard : J’ai toujours été amoureux du bois. J’ai décidé de faire de la construction écologique mon métier lorsque j’ai quitté La Rochelle pour intégrer un cabinet d’architecture à Paris. Je dessinais alors du mobilier pour mon plaisir et, parfois, il m’arrivait d’en intégrer dans mes projets. Très vite, je me suis lancé à mon compte et j’ai loué un établi dans un fablab de Montreuil. Durant huit mois, je fabriquais avec les chutes de bois que l’on me donnait – et avec l’aide d’ébénistes qui me faisaient partager leurs savoir faire. Cela a abouti à mon premier luminaire. A l’origine, c’était un acte de création pur et sans aucun enjeu. J’ai vendu plusieurs lampes et la suite est arrivée d’elle-même…

Où fabriquez-vous ?
Avec notre petit équipe, nous nous sommes installés à Ivry il y a environ un an et demi, dans un superbe atelier dont une partie est consacrée à la menuiserie bois et une seconde au bureau de création et inspiration.

Florent Blanchard et sa lampe DOD.
Florent Blanchard et sa lampe DOD. DR

D’où vient le nom DOD_Objets ?
De mon premier luminaire. C’était une envie presque enfantine, celle d’une lampe qui s’ouvre comme une fleur et qui irradie de couleur. Le côté modulable des faces qui s’aimantent est venu progressivement. C’était un travail de minutie… Il fallait positionner au millimètre près les faces en bois massif afin d’amener de la surprise. Un jeu de simplexité forme le dodécaèdre. Il se décline en trois robes différentes qui subliment le veinage du bois : une cire dorée ou une huile de lin blanche ou bleue. Pour répondre aux critères environnementaux qui nous tiennent à cœur et pour respecter la matière première, nos peintures sont naturelles. Nous avons d’ailleurs débuté une collaboration avec la marque Argile.

DOD, un nom partagé

Chaque objet porte sa propre signature, que signifie-t-elle ?
C’est un numéro de traçabilité, qui est gravé sur chaque objet et rend compte de son histoire. Parce que chaque bois provient d’un endroit précis, on souhaite que l’acheteur connaisse son origine. Notre démarche de recyclage nous a amenés à donner une seconde vie à des matériaux qui allaient être jetés afin de les transformer en objets. Avec le design de réemploi, on touche une nouvelle clientèle, sensible aux enjeux écologiques. On a enfin un impact qui permet de faire bouger les lignes…

DOD, un objet lumineux ludique qui se compose et se décompose pour faire varier son intensité lumineuse.
DOD, un objet lumineux ludique qui se compose et se décompose pour faire varier son intensité lumineuse. DR
DOD se décline en suspension lumineuse ou lampe à poser. Les traitements colorés naturels, le bois de réemploi et l’allure floral de DOD matérialisent l’ADN du studio.
DOD se décline en suspension lumineuse ou lampe à poser. Les traitements colorés naturels, le bois de réemploi et l’allure floral de DOD matérialisent l’ADN du studio. DR

Développez-vous des projets de réemploi à l’échelle de l’architecture ?
Je fais une sorte d’aller-retour entre la petite et la grande échelle. En collaboration avec le bureau de scénographie lumineuse Light Lab, on a développé Joey, une petite lampe humanoïde fabriquée à partir de chutes de parquets. Le recyclage du bois m’est venu d’abord par les objets mais c’est intéressant de voir ce que l’on peut créer en architecture ou micro-architecture. Chez DOD_Objets, on a plusieurs projets en cours, notamment un pavillon de 60 m2 pour la Chambre des métiers de l’artisanat. Il devait apparaître au salon Made in France, qui a été reporté en raison de la crise sanitaire. On développe également des projets d’architecture d’intérieur pour réaménager un hôtel ou encore meubler sur mesure un appartement haussmannien avec son plancher d’origine.

Un réel impact environnemental

Le principe de l’économie circulaire vous tient à cœur…
Tout à fait ! Lors de ma première Paris Design Week, j’ai rencontré le directeur de la Cité Universitaire de Paris. Plus tard, on a envoyé un mail à notre communauté pour l’informer qu’on cherchait du bois. Il m’a immédiatement informé qu’il se débarrassait de 60 lits. J’ai donc loué un camion et accouru pour les récupérer. À partir de là, on a noué un partenariat amical. On a notamment participé à une exposition sur le recyclage à la Cité U, en exposant notre démarche. On est actuellement en pourparlers pour réaménager tout un bâtiment dans cette démarche d’économie circulaire. L’objectif est de transformer ces vieux lit : leur donner une seconde vie et les réimplanter dans leur lieu d’origine.

« Chez DOD_Objets, le vendredi, c’est journée création : musique classique et dessin dans un bel espace lumineux habité par de nombreuses plantes. »

Aujourd’hui, les chantiers du projet Grand Paris produisent de nombreux déchets. Envisagez-vous de travailler avec d’autres matériaux de récupération ?
C’est une question qui s’impose : que faire de tous ces matériaux ? On est encore une petite structure mais on étudie toutes ces possibilités. Prenons le papier par exemple. Rien que dans notre atelier, on en amasse une grande quantité et on réfléchit à comment les transformer. Je connais bien Eugénie Delariviere des Résilientes, leur travail de réemploi de vieilles encyclopédies m’inspire beaucoup…

> DOD_Objets. dod-objets.com

Le traitement interne doré de la lampe DOD se révèle lorsque celle-ci est allumée.
Le traitement interne doré de la lampe DOD se révèle lorsque celle-ci est allumée. DR
De l’objet à l’architecture intérieure, le studio de design DOD_Objets ne cesse d’élargir ses champs d’action dans l’économie circulaire.
De l’objet à l’architecture intérieure, le studio de design DOD_Objets ne cesse d’élargir ses champs d’action dans l’économie circulaire. DR