Comment a débuté la collaboration ? Est-ce la faïencerie de Charolles et Fermob qui ont décidé de s’associer, et ensuite de faire appel à vous ?
Alain Gilles : La vraie question, c’est plutôt de savoir comment Laurel et Hardy se sont rencontrés (rires). En réalité, depuis quelques années, j’avais cette envie de travailler la céramique. Le problème, c’est que je n’avais pas les bons contacts. Je réalisais que cette matière offrait des opportunités formelles complexes mais je ne connaissais rien de ses process de fabrication. Cyrille Frappé – qui a repris et dirige la Faïencerie de Charolles – me suit depuis longtemps sur les réseaux sociaux. On échange régulièrement sur mes projets et une amitié virtuelle est ainsi née. Lorsqu’il a repris l’entreprise, il m’a contacté pour développer un projet. C’est ensuite que Fermob est arrivé dans l’équation. « Fat & Slim » est un projet qui est valorisant pour les deux marques, il révèle leur volonté d’explorer de nouvelles matières en collaboration.
Une confrontation harmonieuse de matières
L’objectif de cette collaboration était-elle de mettre en valeur l’artisanat de l’un et la production industrielle de l’autre ? Est-ce à partir de cette double dimension que la forme s’est révélée ?
Oui, tout à fait. Chacune des deux parties de ces tables, plateau et piètement, traduit son origine. D’un côté, la chaleur de la céramique et de l’autre, la perfection du métal. Je n’aime pas le terme « minimaliste », je dirais plutôt que mon design puise l’essence des matériaux pour donner vie à un produit qui remplit sa fonction et qui crée du dialogue. J’aurais très bien pu choisir de concevoir une table comprenant un pied métallique et un plateau en céramique, mais le résultat n’aurait pas été aussi surprenant. Il n’y aurait pas eu cette confrontation, cette sensation de lévitation. Lorsqu’on pense à la céramique, on visualise la sensualité des amphores antiques. Associée au métal, les tables d’appoint font parler l’histoire. Fat & Slim est un produit de simplexité, c’est un subtil jeu d’équilibre entre le robuste et le fragile, entre la finesse du métal et la générosité formelle de la céramique (6 mm d’épaisseur) qui révèle tout le savoir-faire des deux maisons.
Pourquoi avoir choisi une gamme chromatique aux teintes naturelles végétales ? Est-ce que ce sont les couleurs dont nous avons besoin en cette période de crise sanitaire ?
Aurélie Richard (directrice artistique de la Faïencerie de Charolles) : Tous les six mois, nous renouvelons nos palettes de couleurs. La saison passée, elles étaient plus douces qu’en ce début 2021 parce que l’on a besoin de teintes vivantes et chatoyantes en ces temps difficiles. « Fat & Slim » s’inscrit dans une collection plus large baptisée « Deep Botanic », qui s’inspire de la douceur des matériaux minéraux et des espaces intérieurs investis par le végétal. Nous avons conçu trois grandes thématiques : Deep Floral, Deep Green et Plein Sud, qui comprennent chacune trois nouvelles teintes. Fat & Slim puise une couleur de chaque thématique : le Vert lotus (mat ou brillant), le Flamand Gelée de Coing et le Dots Ébène. Ce qui nous a beaucoup plu dans le projet d’Alain, c’est que le gris anthracite du plateau métallique Fermob contraste et révèle nos couleurs pour renforcer la poésie de la collection. La grande famille des objets de la Faïencerie de Charolles continue de s’étoffer et de se renouveler en s’associant à d’autres savoir-faire pour que nos pièces historiques narratives s’associent à un design plus contemporain.
> Tout au long du premier semestre 2021, la Faïencerie de Charolles dévoilera de nouveaux luminaires, meubles et vases de la collection « Deep Botanic ».
