News Books déco
La mode du design
Pour fêter ses 50 ans de carrière, Paul Smith a choisi de se raconter à travers cinquante objets qui ont inspiré ses créations. Un dialogue fertile s’engage ainsi au fil des pages entre ses collections et l’appareil photo Kodak Retinette, un livre sur l’école Bauhaus, le magazine Domus, la lampe Toio, des frères Castiglioni, ou la chaise Cab de Mario Bellini. Une une idée cadeau de dernière minute pour ne lecture joyeuse, légère, cultivée, portée par une maquette particulièrement soignée, signée Tony Chambers. Préface de Sir Jonathan Paul Ive (designer d’Apple jusqu’en 2019)… Excusez du peu !
> Paul Smith, sous la direction de Tony Chambers, 264 p., en anglais, Phaidon, 65 €.
Le style impeccable
Quarante projets et vingt ans de carrière, cette monographie donne à voir le meilleur de Glenn Sestig, le maître du minimalisme belge. Qu’il conçoive des maisons ou des intérieurs, il adopte toujours le même principe : des jeux de volumes, de structures, de matériaux, inspirés du meilleur du modernisme. L’architecte gantois travaille avec élégance, précision et en virtuose le béton ou le marbre, dans des lieux aussi divers qu’un studio de musique (pour 2 Many DJs), une boutique (pour Raf Simons) ou une série de maisons, souvent en Belgique…
> Glenn Sestig. Architecture Diary, collectif, 368 p., en anglais, Oscar Riera Ojeda Publishers, 65 €.
L’autre Naples
Derrière la Naples baroque se cache une ville moderne et méconnue que Napoli Super Modern nous invite à découvrir. Le versant moderniste de la capitale de la Campanie s’est développé durant la période fasciste, sous l’égide de Mussolini, puis durant la reconstruction à travers une variété d’usages, de matériaux et d’architectures, mais avec une même volonté d’inscrire la ville dans un contexte physique, historique et social. Un ouvrage imaginé par le duo fondateur de l’agence d’architecture LAN.
> Napoli Super Modern, de Benoît Jallon et Umberto Napolitano, photos de Cyrille Weiner, 232 p., en anglais, Park Books, 48 €.
Architecture « calipéenne »
Méconnue en France, l’architecte d’intérieur Nicole Hollis parvient avec finesse à allier esprit américain et design européen. Cette quadragénaire, basée à San Francisco, off re à une certaine élite un pont jeté au-dessus de l’Atlantique et imagine des intérieurs intemporels, aux tonalités douces, inspirées de leur environnement. Elle donne du sens à la chauffeuse Harp, du Danois Jørgen Høvelskov, dans une maison hawaïenne, invite Joe Colombo et Achille Castiglioni dans un appartement californien…
> Nicole Hollis. Curated Interiors, de Nicole Hollis, photos de Douglas Friedman et Laure Joliet, 256 p., en anglais, Rizzoli, 65 €.
L’art du maximalisme
Longtemps méprisé, voire synonyme de mauvais goût, le maximalisme est en passe de devenir un courant phare de notre époque en quête de réconfort. Parmi ses hérauts, le Brésilien Sig Bergamin. Personnage haut en couleur prisé par la jetset du monde entier, il a décidé depuis quelque temps de construire ses projets à partir d’œuvres d’art dont il fait découler ses décorations. Cette monographie se focalise sur les deux dernières années, portées par des tableaux signés des plus grands artistes contemporains.
> Sig Bergamin Art Life, collectif, 304 p., en anglais, Assouline, 95 €.
Le beau est partout
Bien sûr, il est question dans ce bel ouvrage d’intérieurs ultra-luxueux et de superficies invraisemblables – quatorze hôtels particuliers, appartements d’exception, lofts, maisons de maître… – et pourtant, plus qu’un étalage de richesse, le livre est une mine d’inspirations pour tout le monde : la teinte d’une cloison, un mur de brique et de plâtre décrépit laissé brut, une baignoire au fond d’un salon, un aménagement astucieux de combles… À Amsterdam, Anvers, Chicago, Paris, Stockholm ou Toronto, parce que le beau est aussi une affaire de détails.
> Urban Mansions & Apartments, collectif, 224 p., en anglais, Beta-Plus Publishing, 99,95 €.
News Books photo
Haïkus photographiques
Un sentiment de plénitude nous envahit à la lecture du nouvel ouvrage de Thierry des Ouches. Il nous embarque dans un monde sur lequel le temps n’a pas prise. De vieilles voitures abandonnées livrées à la rouille éveillent notre imaginaire, tout comme l’image du portique du Touquet, privé de ses balançoires, nous ramenant à un été déjà lointain. Nostalgiques, captant les petits bonheurs quotidiens avec les plus fines variations de lumière, ces photographies nous touchent. Comme de courts poèmes empreints de mélancolie.
> Silences, de Thierry des Ouches, Hartpon Éditions, 76 p., 39 €.
En souvenir de Xavier Barral
C’est un livre sans lui, sans Xavier Barral, l’éditeur avec qui Sophie Calle avait l’habitude de collaborer. En choisissant des extraits de petites annonces de rencontres parues entre 1895 et 2019 dans la presse (Le Chasseur français, Le Nouvel Observateur…) enrichies par celles trouvées sur Meetic et Tinder, la plasticienne touche-à-tout construit un inventaire des attentes amoureuses. Illustré de photographies, l’ouvrage, par son humour décalé, réussit à surprendre sur l’évolution des relations homme-femme.
> Sans lui, de Sophie Calle, Atelier EXB / Éditions Xavier Barral et éditions Cent pages, 272 p., 36 €.
Images fragmentées
Belle idée que d’avoir conservé le portrait de Mona Lisa sur la couverture du catalogue de Miguel Rio Branco. Le visage de la jeune prostituée retient l’attention par sa composition. Tout est dit dans cette image qui résume la pratique de l’artiste brésilien : des personnages en gros plan, parfois coupé, souvent dos au mur et où jamais l’horizon n’est visible. Les détritus et les lignes géométriques parcourent toute son œuvre. Dans leur retenue ou leur gloire, les hommes et femmes de Branco convoquent des instantanés incongrus et des moments d’allégresse.
> Miguel Rio Branco, Œuvres photographiques 1968-1992, Toluca Éditions / Le Bal / RM, 120 p., 35 €.
Halard l’Hellène
Avec l’arrivée de l’hiver, quoi de plus agréable que de se plonger dans ce guide qui nous emmène en Grèce, sur l’île de Symi (Dodécanèse) en particulier, dont le photographe François Halard, célèbre pour ses prises de vue d’intérieurs et d’architecture, dévoile une vision très personnelle. Monuments, sculptures classiques, maisons (dont celle du peintre Cy Twombly) et paysages illustrent ce carnet de route où l’on retrouve les nuances de bleus chères à l’artiste. Parcourir ces pages, c’est comme feuilleter un journal intime.
> Greece, de François Halard, Louis Vuitton Fashion Eye, 96 p., 50 €.
L’art du collage
Depuis les débuts de la photographie, la technique du collage lui est étroitement associée. Cet ouvrage présente une nouvelle génération soucieuse de modifier sa vision de la réalité par cette pratique. Parmi ces 60 signatures internationales, on retiendra les travaux de l’Américaine Collier Schorr, qui introduit des références autobiographiques dans ses œuvres, ceux du Britannique Larry Achiampong pour sa position sur la question postcoloniale et de la Belge Katrien De Blauwer pour ses compositions cinématographiques.
> The Age of Collage, de Dennis Busch et Francesca Gavin (en anglais), Gestalten, 320 p., 39,90 €.
Le pas de côté d’Horvat
Plus connu pour son travail iconique sur la mode, Frank Horvat dresse ici un portrait urbain dense et contrasté duquel l’âpreté de New York suinte. Lors de ses voyages dans la métropole américaine, il a arpenté les rues et le métro et réalisé de nombreux clichés d’inconnus croisés au hasard, mettant l’accent sur les exclus. Immense coloriste et observateur habile, le photographe documente une époque qui l’a profondément marqué. Le texte d’Amos Gitai rend compte de ce pas de côté, de ce désir de donner un visage aux oubliés du capitalisme.
> Side Walk, de Frank Horvat et Amos Gitai, Atelier EXB / Éditions Xavier Barral, 160 p., 37 €.