Si elle installée le long de Sunset Boulevard, la galerie Marta n’est pas du genre à exploiter les clichés hollywoodiens pour cultiver sa réputation. Adepte des pièces à la croisée de l’art et du design, elle présente actuellement « Under / Over », une exposition qui rassemble un ensemble de porte-papier toilette aux looks détonants, modelés par une cinquantaine de designers et de studios internationaux.
Figures montantes et renommées révèlent au grand jour le potentiel esthétique de cet objet usuel, largement ignoré des créateurs et des maisons d’édition. Fidèle à ses expérimentations précédentes, Sabine Marcelis signe depuis son atelier néerlandais un modèle en résine à la géométrie élémentaire. Seul frenchy de la partie, Adrien Rovero opte, lui, pour une extrême sobriété formelle, tandis que Martino Gamper détourne et sculpte un simple fer à béton. Longiligne, son portant répond à celui de son voisin londonien, Marco Campardo, auteur d’un support en verre borosilicate.
En acier, en hêtre ou en acrylique, nombreux sont les modèles qui s’inscrivent dans cette veine minimaliste. Pour preuve, les monolithes de Ryan Preciado et Max Enrich qu’on croirait échappés d’une installation de Donald Judd. Toutefois, l’exposition multiplie les styles et affiche des accents nettement plus décoratifs. Même s’ils sont parfois teintés d’une certaine austérité, avec les chaînes des portants imaginés par le studio californien Waka Waka, le Madrilène Jorge Penadès ou les New-Yorkais de Chen Chen + Kai Williams.
Basée à Los Angeles depuis qu’elle a quitté son Inde natale, l’artiste Mansi Shah présente un mini-totem dont les dégradés multicolores devraient plaire au Suédois Fredrik Paulsen. Amoureux de la couleur, le père de la Demountable Chair mêle cette fois des teintes pastel et criardes en même temps qu’il joue avec la transparence. Quant au studio BNAG, partagé entre Marrakech et Karlsruhe, il use de terre cuite pour façonner ses Crazy Cucumber et Toilet Tongue aux contorsions malicieuses.
Que l’on se penche sur Flush House de Carlos Little ou l’écrin en cuivre signé Lland, à chaque fois l’ambition est la même : mettre en lumière un produit du quotidien – des plus banals et des plus négligés – pour mieux attirer l’attention sur ses conséquences environnementales. Car chaque jour, environ 27 000 arbres disparaissent dans les cuvettes du monde entier. Sans compter les océans d’eau de javel et de composants chimiques qui sont nécessaires à la fabrication de la majorité des papier toilette. Partenaire de l’évènement, la société Plant Paper a, elle, choisi une autre voie. Née en 2019, la firme propose des rouleaux garantis sans toxine, entièrement réalisés à partir de bois issu de forêts de bambous gérées durablement, et compte bien sur cette initiative pour populariser sa démarche.
> Exposition « Under / Over », à la gallery Marta, jusqu’au 1er novembre 2020 et sur marta.la
Tokyo Toilet Project
Dans la capitale nippone, ce sont les plus grands architectes japonais qui se penchent sur les toilettes. Pour contrecarrer l’image négative associée aux WC publics, la ville de Tokyo a demandé à 16 d’entre eux de renouveler les équipements du quartier de Shibuya.
En collaboration avec Toto, l’un des leaders mondiaux de produits sanitaires, Tadao Ando et Shigeru Ban ont ouvert le bal. Le premier avec une structure circulaire chapeautée d’une toiture en saillie, le second avec des boîtes de verre coloré qui jouent la carte de la transparence. Ainsi, plus de mauvaise surprise quant à l’hygiène des lieux et pas d’inquiétude pour ce qui est de l’intimité : les vitrages deviennent opaques une fois les cabines verrouillées de l’intérieur.
Egalement de la partie, Toyo Ito et Kengo Kuma dévoileront quant à eux leurs projets d’ici 2021.