À l’instar de manifestations majeures telles que Documenta, à Kassel, en Allemagne, ou la Biennale de Venise, Manifesta est à la fois miroir et kaléidoscope. Plateforme interdisciplinaire ayant pour ambition de repenser les relations entre culture et société, l’influente biennale se pose en incubateur et potentiel levier de changement, à travers le prisme de l’art contemporain et des collaborations entre acteurs locaux et artistes.
Bien plus qu’un ensemble d’expositions durant trois mois dans une ville-hôte et son territoire – Zurich en 2016, Palerme en 2018 –, chaque édition de Manifesta, depuis sa création au mitan des années 90, poursuit un objectif de recherche. Une méthodologie consubstantielle à l’International Foundation Manifesta, que dirige l’historienne de l’art néerlandaise Hedwig Fijen depuis Amsterdam, mais qui s’inscrit comme un laboratoire au coeur d’une ville choisie pour mettre en perspective les institutions, le collectif et ses propres enjeux culturels ou sociétaux.
Marseille entretenant un lien étroit avec la mer, des questions économiques, environnementales et migratoires s’imposent à elle depuis toujours. Plus fertiles encore sous l’effet d’actuels bouleversements écologiques, sociaux et géopolitiques, ces questions constituent le ferment idéal de Manifesta 13, dont le fil rouge se déroule autour de l’exposition centrale «Traits d’unions». Cet événement en six chapitres (la Maison, le Refuge, l’Hospice, le Port, le Parc et l’École), qui interagit dans une vingtaine de lieux – institutions muséales, sites emblématiques (marché des Capucins, Cité radieuse…) et espaces inattendus (Citerne des Moulins) –, fait figure de plat de résistance. Car Manifesta 13, c’est aussi un programme événementiel de rencontres, projections et installations sonores, et l’irrésistible envie de mettre l’art au premier plan, pour qu’il rayonne hors les murs, au-delà des frontières de la ville-monde.
> Manifesta 13. Dans différents lieux de Marseille et sa région, jusqu’au 29 novembre. Manifesta13.org