Quand et comment avez-vous commencé à travailler avec Alivar ?
Giuseppe Bavuso : Notre collaboration a débuté en 2000. Nous fêtons donc cette année notre vingtième année d’activité conjointe ! Alivar, qui développait déjà alors une grande collection d’accessoires, très hétérogène, signée par différents designers, a ressenti le besoin de mettre de l’ordre dans sa production. À l’époque, je collaborais avec plusieurs marques en tant que designer et directeur artistique. Alivar m’a demandé de m’occuper de la réorganisation de cette gamme et de lui apporter un positionnement stylistique plus précis.
Quel a été votre premier projet pour la marque ?
C’était « Frame », une collection dont les pièces pouvaient vivre de façon indépendante ou être réunies dans une sorte de système plus articulé pour le salon.
Une certaine idée du luxe
Comment est née la collection « Home Project », dont vous êtes le directeur artistique ?
C’est précisément grâce au succès de « Frame » que l’idée est venue d’étendre son concept à tous les espaces de la maison. Ainsi est né « Home Project », un ensemble de pièces hétérogène dans les matériaux et les fonctions, mais homogène dans l’esprit.
Comment définiriez-vous « Home Project » ?
C’est une collection qui poursuit une certaine idée du luxe, une notion très personnelle. De mon point de vue, le luxe se rapporte à tout ce qui contribue à nous faire nous sentir bien, à nous procurer du plaisir. Ma conception n’est pas clamée haut et fort, elle est dite à voix basse à travers un soin méticuleux porté à chaque détail. « Mon » luxe est chargé de contenu, mais ne veut pas être ostentatoire : il cherche à exprimer un concept de maison élégante à vivre, mais pas à être exhibé.
Gérez-vous également la communication ?
Oui, car, en tant que directeur artistique, je trouve naturel de traiter tous les aspects liés au produit et à sa publicité. Je ne peux pas imaginer un produit industriel comme un objet en soi : chaque projet répond à des questions, il est destiné à un contexte particulier d’habitation. C’est précisément pour cette raison que mon travail ne se limite pas à la conception et à l’ingénierie du produit, mais aussi à la communication qui l’entoure. Cela va jusqu’à la création des stands d’exposition, car nous essayons de définir un contexte idéal pour fournir les bonnes clés de compréhension de la collection.
Alivar vise le contract et le privé
Où situeriez-vous Alivar par rapport aux autres marques italiennes ?
Chaque entreprise a un parcours qui lui est propre. Avec Alivar, au cours de toutes ces années, nous avons travaillé à l’élaboration d’une identité très précise et de haut niveau, qui puisse être facilement perçue et reconnue à l’international.
Êtes-vous également impliqué dans le choix des autres designers qui collaborent avec la marque ?
En théorie, oui. En pratique, concernant plus spécifiquement « Home Project », au cours de toutes ces années, j’ai été amené à traiter la collection à 360 degrés. Je m’en occupe directement et j’en suis aussi le seul créateur.
Cette ligne vise-t-elle aussi le contract ?
« Home Project » a été initialement pensée pour l’ameublement résidentiel. Mais, grâce au contenu technique de la plupart des pièces qui la composent, elle est également souvent utilisée pour le contract, dans des bureaux et des hôtels haut de gamme.
Quelle évolution en attendre ?
« Home Project » est née il y a vingt ans. C’est un work in progress qui vise à communiquer une vision personnelle de l’environnement domestique. En tant que collection, elle s’adapte à un concept de maison évolutive sous certains aspects esthétiques, tout en restant fidèle à ses principes fondamentaux : la pureté de la forme et la durabilité.
Le fait d’être architecte influence-t-il la façon dont vous concevez les produits ?
Absolument. Le design et l’architecture sont les deux âmes d’une même discipline qui, voyageant en parallèle, ne sont jamais séparées. Une collection ne commence jamais dans l’abstrait : elle est toujours considérée comme faisant partie d’un contexte plus large, dont l’architecture est le cadre.