Jorge Zalszupin, disparition d’un génie du modernisme brésilien

Jorge Zalszupin (1922-2020) fut l’un des designers qui inventa le design brésilien. Fondateur de la marque « L’Atelier », il restera comme une icône du modernisme.

Jorge Zalszupin naît dans une famille juive en 1922 à Varsovie, en Pologne. Il n’a que 18 ans lorsque sa mère est emmenée dans les camps de concentration nazis. Il quitte la Pologne sous les premières bombes de la Seconde Guerre Mondiale. D’abord réfugié en Roumanie, il y entame ses études d’architecture qu’il achève en 1947. Il rejoint alors la France, où il séjourne deux ans avant de s’envoler pour le Brésil.

Un aller sans retour…

Son diplôme, sa moto, un numéro spécial du magazine français L’architecture d’aujourd’hui célébrant l’architecture brésilienne et un billet retour dont il ne se servira jamais. C’est tout ce que possède Jorge Zalszupin en débarquant en plein carnaval de Rio de Janeiro.

Pendant plusieurs jours, le jeune diplômé sillonne la ville à moto pour voir de ses propres yeux les bâtiments exposés dans L’architecture d’aujourd’hui. Ce périple terminé, Jorge Zalszupin se prépare à rentrer en France. C’ets à ce moment qu’il reçoit une invitation à travailler dans un cabinet d’architecture local.

Assistant architecte, c’est l’emploi que lui propose Luciano Korngold dans son atelier de São Paulo. Les deux architectes commencent à collaborer en 1949. L’assistant conçoit des bâtiments modernes et luxueux. Cette première expérience le pousse à ouvrir son propre atelier en 1959 et à fonder la marque « L’Atelier ».

Des motifs et courbes élancées

Cette ébénisterie lui sert de lieu de création pour ses premières pièces de mobilier. Jorge Zalszupin y confectionne à la main son chariot à thé en bois en 1959 ou son fauteuil « danois » en 1960. Un travail marqué par l’utilisation de bois locaux et de motifs et courbes élancées.

L’utilisation de produits innovants le fait se démarquer des deisgners locaux : Zalszupin n’hésite pas à utiliser de nouveaux matériaux comme le plastique, la fibre de verre ou le métal.

Jorge Zalszupin crée sans signer

La création de meubles emblématiques à « L’Atelier », comme la chaise Hill en 1968, lui procure une renommée et l’architecte reçoit des commandes du monde entier. Néanmoins, ce dernier ne peut pas signer les travaux de sa main car il n’a pas la nationalité brésilienne.

Sa rencontre avec Annette lui redonne ce droit. Jorge Zalszupin épouse cette femme avec qui il aura deux filles : Véronica et Marina. Cette union lui permet d’obtenir la nationalité brésilienne et finalement l’autorisation de signer ses œuvres et enfin de lancer sa carrière.

« L’Atelier », un lieu de passage obligé

A la fin des années 60, sa menuiserie devient le lieu de passage obligé pour les amateurs de design. Jorge Zalszupin revend pourtant « L’Atelier » au groupe Forsa en 1970. Il reste néanmoins directeur de la recherche et du développement des produits.

En 1979, la crise économique a finalement raison de « L’Atelier » qui ferme dans les années 80. Quant à Jorge Zalszupin, il cesse de concevoir du mobilier et se tourne vers l’architecture. Il travaille avec José Gugliotta jusqu’en 1986 mais finit par ralentir sa production au fil des années.

Après s’être mis à la peinture et passé une retraite paisible à São Paulo, Jorge Zalszupin s’est éteint le 17 août 2020 à l’âge de 98 ans.

Jorge Zalszupin confectionnait à la main des pièces comme son chariot à thé en bois (1959).
Jorge Zalszupin confectionnait à la main des pièces comme son chariot à thé en bois (1959).
La Presidential chair, l’une de ses créations mythiques (circa 1960).
La Presidential chair, l’une de ses créations mythiques (circa 1960).
Brasiliana Lounge Armchair dessinée en 1965 par le designer.
Brasiliana Lounge Armchair dessinée en 1965 par le designer. DR
C’est avec les chutes d’un autre projet et en s’inspirant de l’origami japonais que Jorge Zalszupin a réalisé la table basse Petalas en 1962.
C’est avec les chutes d’un autre projet et en s’inspirant de l’origami japonais que Jorge Zalszupin a réalisé la table basse Petalas en 1962. DR