Les 1001 vies de Marin Montagut… Voilà quel pourrait être le titre de sa biographie. Né et élevé à Toulouse, Londonien d’adoption le temps d’un diplôme en design puis Parisien de cœur depuis qu’il y a posé ses valises pour la première fois, il y a plus de quinze ans, Marin Montagut n’a pas encore 40 ans mais peut déjà se targuer d’un début de carrière tonitruant. Passé par les plateaux de cinéma en tant que décorateur, un temps brocanteur à Saint-Ouen, il connut son premier succès avec ses cartes « Bonjour Paris », un city-guide d’un nouveau genre.
Son style est reconnaissable entre mille. Empreintes d’un côté « vieille France », proche de l’iconographie du tarot de Marseille, ses esquisses fines et élégantes ornent désormais une collection complète d’accessoires de papeterie et pour la maison. Verres, affiches, globes, bougies, savons, foulards, cachemire… Après s’être arrachés sur son stand au Bon Marché puis en ligne sur son site marchand, les mignonneries estampillées Marin Montagut s’exposent désormais dans sa première boutique, située au numéro 48 de la très désirable rue Madame, à Paris, à deux pas du Jardin du Luxembourg.
Le cabinet de curiosités de Marin Montagut
Le Toulousain et l’architecte d’intérieur Giovanna de Bosredon (Auguri Studio) ont créé un décor d’un film digne de Wes Anderson. Telle une pièce de théâtre en trois actes, la boutique se découpe sur trois espaces qui déclinent l’univers de Marin Montagut. Cette officine, que le créateur aime à comparer avec l’échoppe des Olson dans La Petite Maison dans la Prairie (sic) irradie, par définition, d’un charme un poil désuet. Logique, elle est entièrement équipée de meubles et rangements d’époque, chinés au gré de ses pérégrinations.
La mercerie tire en effet son mobilier complet d’une épicerie des années 1910 vouée à la destruction, que Marin a racheté lors d’un de ses voyages dans le sud de la France. Chaque meuble a ensuite été réadapté à l’espace par Giovanna de Bosredon. Avec son parquet d’époque et son comptoir de vente en bois massif, cette entrée en la matière propose un amoncellement de babioles en tout genre, dénichées ou imaginées par le designer, à l’image d’une caverne aux merveilles.
Le parquet de la mercerie est ensuite remplacé par des tomettes tout aussi vintage dans le reste de la boutique. Le boudoir, d’abord, s’affiche tel un trait d’union entre les trois espaces de l’officine. Il y règne une ambiance cosy parfumée à la fleur d’oranger – bougie signature de la marque – qui invite à la détente sur ses coussins faits main. Peut-être préférerez-vous faire tourner l’imposant globe pour choisir aléatoirement votre prochaine destination voyage ? Ou bien vous plonger dans l’univers des « vitrines à merveilles », petits cadres en papier mâché à l’effet 3D…
Pour conclure la visite, l’atelier est le point d’orgue de la boutique. Son imposant buffet achalandé d’une myriade d’objets impeccablement arrangés fait écho au mur de curiosités contre lequel se positionne le bureau fictif de Marin. L’artiste y personnalisera pour ses clients les objets de la boutique lors d’événements à venir. Où que le regard se pose, on découvre de nouveaux trésors. Objets chinés ou pièces peintes à la main dans l’atelier montmartrois de l’artiste, ce joyeux foutoir donne envie de céder à la tentation de repartir les bras chargés.
La pause imposée de ce printemps aura décalé l’ouverture de la boutique, pourtant fin prête alors que la France se confinait. « J’ai hésité à ouvrir en parallèle de l’ouverture des commerces » explique Marin, « mais je me suis dit que les gens avaient besoin de découvrir de nouvelles et jolies choses alors je me suis lancé ! » Quelle bonne idée ! On murmure qu’il faut déjà attendre à l’extérieur de la boutique, le week-end, pour pénétrer dans la caverne d’Ali Montagut…
> Marin Montagut. 48, rue Madame, 75006 Paris. Site Internet.