Après deux ans d’une intense réhabilitation, les Bassins des Lumières accueillent leurs premiers visiteurs dans une expérience visuelle et sonore, jamais tentée à cette échelle. Cinq fois plus grand que l’Atelier des Lumières parisien, le nouveau centre d’art numérique du groupe Culturespaces investit 13 hectares de l’ancienne base sous-marine de Bordeaux, avec une série d’installations immersives où architecture, eau et art se fondent dans un spectacle grandiose. Dédiées aux maîtres de la peinture ou aux figures montantes de l’art numérique, plusieurs expositions envahissent dès à présent le bunker édifié durant la Seconde Guerre mondiale, aujourd’hui équipé de 90 vidéo-projecteurs, 80 enceintes et quelque 100 km de fibre optique.
Dans le prolongement de la Cité du Vin inaugurée en 2016, le quartier des Bassins à Flots, récemment réaménagé par l’architecte et urbaniste Nicolas Michelin, martèle son ambition culturelle avec ce nouvel équipement doté d’une technologie encore peu répandue, en France comme à l’international. Grâce à ce système de projection, « c’est une nouvelle relation avec un artiste et ses œuvres d’arts qui s’établit », selon Bruno Monnier, président de Culturespaces. Pour son quatrième établissement hexagonal, l’opérateur culturel s’est notamment entouré du cabinet d’architecte Brochet Lajus Pueyo. Afin de diversifier les points de vue autour des quatre bassins, autrefois destinés à héberger les sous-marins de l’armée allemande, l’agence bordelaise a implanté une mezzanine, une scène et des gradins, aux cotés de « La Citerne immersive ». Un espace circulaire, où les spectateurs peuvent s’asseoir – voire s’allonger ! – pour savourer sous un autre angle les expositions.
Dans « Le Cube », un autre espace clos et immersif, place à la création contemporaine avec deux expositions signées du collectif bordelais Organ’Phantom et du studio de création turc Ouchhh. Tandis que le premier retrace l’histoire de la base sous-marine, le second présente « Ocean data », une œuvre digitale qui compile des millions de données maritimes en composant des formes, des effets de lumière et de mouvement propices à la contemplation. Egalement taillées sur mesure pour s’intégrer aux dimensions gigantesques du lieu, deux expositions se partagent l’espace principal jusqu’en 2021. A grands renforts de couleurs, « Paul Klee, peindre la musique » explore la palette de l’artiste helvéto-allemand, aussi à l’aise avec l’abstraction et la figuration, le pointillisme et le cubisme, qu’avec un violon entre les mains.
Pendant une quarantaine de minutes, « Gustave Klimt, d’or et de couleurs » alterne ensuite entre les portraits, les paysages et les nus du peintre autrichien. Imaginée par le concepteur d’espaces Gianfranco Iannuzzi, le metteur en scène Renato Gatto, le vidéaste Massimiliano Siccardi et le compositeur Luca Longobardi, l’installation réunit ses plus grands chefs-d’œuvre, du Baiser au Portrait d’Adèle Bloch-Bauer, et de la Danaë à La Fresque Beethoven. Mais l’exposition retrace plus largement un siècle de peinture viennoise, en conviant les fresques mythologiques du Théâtre National de Vienne ou les figures torturées d’Egon Schiegel. Le tout sublimé par les reflets de l’eau et une bande-son rythmée par les airs de Wagner, Chopin, Mahler et Puccini. Du grand art !
> Bassins des Lumières, Base sous-marine, Impasse Brown de Colstoun, 33300 Bordeaux. bassins-lumieres.com