Après l’émerveillement des premiers instants, sillonner les rues de Palm Springs, c’est surtout nourrir une énorme frustration : celle de ne profiter que des façades de maisons modernistes iconiques, construite à la lisière du désert et de la montagne et qui ont marqué l’histoire de l’architecture. Excepté une poignée d’exceptions (comme la la villa d’Elvis Presley et quelques bâtiments publics), ces icônes sont toutes désormais des propriétés privées, jalousement abritées des regards, surtout depuis que le style d’après-guerre est revenu en grâce.
Réputée pour son climat chaud et sec et le cadre unique des vallées et collines désertiques bordées de hautes montagnes, à moins de deux heures de Los Angeles, la station éclot au début du XXe siècle et attire immédiatement une clientèle huppée. Mais c’est seulement à la fin de la Seconde Guerre mondiale que Palm Springs connaît son heure de gloire. La jeune garde des architectes californiens (Richard Neutra, Donald Wexler, Albert Frey…) viennent dans cet espace vierge appliquer librement les dernières avancées techniques, comme les modules préfabriqués et les matériaux développés pendant la guerre. L’aluminium et le verre en grandes superficies sont mis à profit pour construire des maisons ouvertes sur l’extérieur dans cette oasis conçue pour les stars pour échapper à la pression de Hollywood… Le style Mid Century Modern était né !
Si des stars de la trempe de Franck Sinatra, Marilyn Monroe et, plus récemment, Leonardo di Caprio ont séjourné à Palm Springs, ils sont ici éclipsés par la Kaufmann Desert House (Richard Neutra, 1946), la Frey II (Albert Frey, 1962), l’Elrod House (John Lautner, 1968) ou la Loewy Residence (Albert Frey, 1946)… Des joyaux qui sont complétées par des bâtiments publics (la mairie et son auvent percé pour laisser passer le tronc de palmiers ou la Bank of America inspirée de la chapelle de Ronchamp de Le Corbusier) et par les « Alexander Homes », un lotissement de villas destinées à la classe moyenne…
Chaque année, la Modernism Week est la seule occasion de pousser certaines de ses portes et de plonger dans l’ambiance festive de la ville, habituellement réservée à l’élite des retraités californiens. Au programme de l’édition 2020, La Gillman Residence, la Mesa Modern, la Cree House d’Albert Frey, mais aussi des conférences (avec cette année l’architecte Daniel Liebskind), des ateliers-cocktails… Il est temps de réserver pour l’année prochaine. Les dates sont déjà connues : du 11 au 21 février 2021.
> Pour se renseigner sur Palm Springs et sa Modernism Week, rendez-vous ici