Si Göteborg est un peu la cadette de Stockholm en termes de population et de renommée internationale, sa localisation sur la côte ouest du pays lui a toujours ouvert des horizons sur le reste du monde, et notamment sur les capitales voisines, Oslo et Copenhague, distantes de 300 km seulement. À partir du XIXe siècle, cette cité portuaire a gagné ses lettres de noblesse sur l’échiquier économique, avec des industries du papier et du textile ainsi qu’une logistique navale de premier ordre qui permirent à une classe bourgeoise supérieure de s’installer.
Aujourd’hui encore, les architectures opulentes du centre-ville et des quartiers résidentiels témoignent de cette manne financière qui a nourri la ville. Sans compter les compagnies multinationales comme Volvo et SKF qui ont rayonné sur toute la planète. Mais, à l’approche de ses 400 ans, que Göteborg célébrera en 2021, la donne a quelque peu changé. Le constructeur automobile, fleuron de l’industrie locale, est passé aux mains du chinois Geely et la crise des années 70 a frappé de plein fouet les usines et les chantiers navals. Pour autant, la ville n’a pas baissé les bras et s’est mise au diapason des nouvelles contingences mondiales : oeuvrer pour le respect de l’environnement et en tirer profit pour le bien-être local, et si possible l’économie.
Capitale du tourisme durable en 2020
La nouvelle est tombée début octobre : Göteborg a été élue par la Commission européenne capitale du tourisme durable en Europe pour 2020. Et ce devant 35 autres métropoles de 17 pays de l’Union, selon des critères culturels et créatifs de durabilité, d’accessibilité et de transition numérique. Aussi, la ville entend bien montrer le chemin à suivre, avec un parc hôtelier certifié à 95 % par un éco-label, des transports publics là encore à 95 % alimentés par des énergies renouvelables, un aéroport répondant aux plus hautes normes de certification concernant les émissions de dioxyde de carbone, un nombre croissant de bornes électriques de recharge, l’extension des espaces verts ou bien encore la mise en place d’un recyclage des eaux de pluie. Mais cette dynamique ne fonctionnerait pas si bien si les entrepreneurs privés et les citoyens eux-mêmes n’avaient pas opté pour un mode de consommation plus responsable.
Pas besoin d’aller en zone périphérique, dans des quartiers qui seraient en voie de gentrification – selon un principe désormais bien visible à travers la planète –, pour observer des initiatives notables et surtout désintéressées. Il suffit de se rendre en plein centre, sur l’artère commerçante de Vallgatan, où l’on peut dénombrer plusieurs enseignes qui ont fait le pari d’une créativité durable. À l’image de la marque Nudie Jeans, qui, depuis bientôt vingt ans, sélectionne des toiles écocertifiées et a lancé un programme de retraitement, voire de réparation, des pantalons usagés. Inutile de préciser que les boutiques et showrooms de design voisins (Designtorget, Artilleriet, Vallgatan 12…) privilégient aussi dans leurs gammes des créations écoresponsables.
Un art de vivre éthique
Sur le terrain de la gastronomie, où Göteborg revendique d’ailleurs une certaine notoriété avec plusieurs tables étoilées, il faut se poser dans un restaurant ou à la terrasse d’un café, ne serait-ce que le temps d’un fika pour constater que la plupart des aliments et boissons sont sélectionnés avec beaucoup de soin. Bien plus qu’une simple pause-café, le fika est une tradition, l’occasion de changer d’air, de milieu, de faire une coupure, de s’asseoir entre collègues ou amis pour parler de choses et d’autres. C’est un moment autant social que gustatif dans un pays où le sucré tient une place particulière. Locaux dans la mesure du possible, les produits sont sélectionnés avec soin et respectent, pour la plupart, une éthique de production. Il en est par exemple ainsi du vin ou du café, dont les Suédois sont de très grands amateurs. De même, les végétariens et les végans seront très agréablement surpris par l’offre quasi systématique répondant à leurs habitudes alimentaires.
L’engagement de Göteborg démontre, à bien des égards, que tourisme et consommation ne sont pas forcément incompatibles avec la lutte contre le réchauffement climatique et la recherche du bien-être. Un séjour de quelques jours, ou même seulement d’un weekend, pourrait en étonner plus d’un, tant le parti pris écolo de cette ville et de ses acteurs n’entrave en rien la qualité de vie et le confort. Bien au contraire !
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