Tourisme : Première biennale d’art à Oslo !

Dans le centre historique, sur un terrain vague ou dans l’atelier d’Edvard Munch, la première édition de la biennale d’art contemporain d’Oslo s’insinue partout, déployant des œuvres exigeantes et antispectaculaires, qu’il faut prendre le temps d’aborder. L’occasion, aussi, d’arpenter une capitale où les jeunes galeries comme les parcs de sculptures s’offrent à portée de main.

«La seule chose abordable, à Oslo, c’est l’art contemporain ! » lance Joakim Borda-­Pedreira, directeur de l’excellente galerie RAM, sur le ton de la boutade. La Norvège, monarchie pétrolière, et sa capitale, c’est vrai, sont si prospères que tout y coûte les yeux de la tête. Mais si prospères, aussi, qu’elles injectent d’énormes subsides dans la création. En témoigne la toute première Biennale d’Oslo. Manifestation gratuite qui investit la ville, de 2019 à 2024, en s’interrogeant, selon les mots des commissaires Eva González-Sancho Bordero et Per Gunnar Eeg-Tverbakk, sur « ce que l’espace public veut dire ».

Le centre d’art Henie Onstad, fondé par la championne de patinage artistique Sonja Henie et son mari, Niels Onstad, est un bijou sixties des architectes Jon Eikvar et Sven Erik Engebretsen en surplomb de la baie de Sandvik. Au premier plan, Gunhild Varvin, directrice de la communication de l’institution.
Le centre d’art Henie Onstad, fondé par la championne de patinage artistique Sonja Henie et son mari, Niels Onstad, est un bijou sixties des architectes Jon Eikvar et Sven Erik Engebretsen en surplomb de la baie de Sandvik. Au premier plan, Gunhild Varvin, directrice de la communication de l’institution. Pascale Béroujon
L’Espagnole Eva González-Sancho Bordero et le Norvégien Per Gunnar Eeg-Tverbakk, les commissaires de la première édition de la biennale.
L’Espagnole Eva González-Sancho Bordero et le Norvégien Per Gunnar Eeg-Tverbakk, les commissaires de la première édition de la biennale. Pascale Béroujon
Le plus beau magasin de design de la ville est chapeauté par la très stylée Heidi Kraakvik, ici en photo, et par sa fille Jannicke.
Le plus beau magasin de design de la ville est chapeauté par la très stylée Heidi Kraakvik, ici en photo, et par sa fille Jannicke. Pascale Béroujon
Dans le quartier en vogue de Grünerløkka, la boutique Luck regorge de créateurs pointus, de pièces vintage, de plantes vertes et l’on peut même s’y faire coiffer.
Dans le quartier en vogue de Grünerløkka, la boutique Luck regorge de créateurs pointus, de pièces vintage, de plantes vertes et l’on peut même s’y faire coiffer. Pascale Béroujon

Antispectaculaire

Rien de tape-à-l’œil ni de monumental au programme de cette vraie-fausse biennale en forme de quinquennat. Espaces publics et grand public ne riment pas, ici, avec facilité. C’est sur le ténu, sur le presque-invisible que le New-Yorkais ­Michael Ross a travaillé. Il a scellé une plaque sur un mur de Myntgata 2, le QG de la biennale, et a planqué une pièce chez un horloger du centre-ville, comme des jeux de piste lancés au visiteur. Le Chicagoan de l’Américain Gaylen Gerber s’est faufilé entre les murs nus de l’atelier d’Edvard Munch, dans le faubourg d’Ekely, disposant çà et là un morceau de colonnade, un petit éléphant, une poterie qui, dans cet espace où plane l’âme de l’auteur du Cri, prennent une tournure fantomatique.

Face à l’iconique opéra livré en 2008 par l’agence Snøhetta, les Osloïtes, quelle que soit la saison, se baignent dans le fjord.
Face à l’iconique opéra livré en 2008 par l’agence Snøhetta, les Osloïtes, quelle que soit la saison, se baignent dans le fjord. Pascale Béroujon
Dans le parc de sculptures de Tjuvholmen, les Yeux de Louise Bourgeois regardent en coin l’hôtel de ville, merveille de briques des années 50.
Dans le parc de sculptures de Tjuvholmen, les Yeux de Louise Bourgeois regardent en coin l’hôtel de ville, merveille de briques des années 50. Pascale Béroujon
Lors du week-end d’inauguration, la Française Carole Douillard a orchestré une performance puissante – un groupe immobile et muet pendant des heures au milieu des promeneurs – sur le toit de l’opéra.
Lors du week-end d’inauguration, la Française Carole Douillard a orchestré une performance puissante – un groupe immobile et muet pendant des heures au milieu des promeneurs – sur le toit de l’opéra. Pascale Béroujon
La RAM Galleri, dirigée par Joakim Borda-Pedreira, défend depuis trente ans des plasticiens qui explorent les lisières entre l’art, l’artisanat et le design. Ici, une œuvre textile de Marianne Moe.
La RAM Galleri, dirigée par Joakim Borda-Pedreira, défend depuis trente ans des plasticiens qui explorent les lisières entre l’art, l’artisanat et le design. Ici, une œuvre textile de Marianne Moe. Pascale Béroujon

Mais la biennale d’Oslo, c’est aussi l’occasion de s’aventurer dans le quartier tertiaire d’Økern, moins balisé, où le Norvégien Jan Freuchen a conçu un drôle de projet évolutif. Un escargot géant et un gros sanglier s’abritent sous un portique, bientôt rejoints, au fil des mois, par des pièces de la collection d’art municipale d’Oslo – richissime – que l’artiste disposera à la diable avec, en arrière-plan, une tour de bureaux abandonnée toisant un terrain vague.

L’espace d’art Kunstnerforbundet, avec, au premier plan, un empilement pyramidal de noix de coco par Markus Li Stensrud.
L’espace d’art Kunstnerforbundet, avec, au premier plan, un empilement pyramidal de noix de coco par Markus Li Stensrud. Pascale Béroujon
Monté par un collectif de plasticiens, Podium expose l’avant-garde osloïte, ainsi de Jon Vogt Engeland et de ses œuvres caustiques.
Monté par un collectif de plasticiens, Podium expose l’avant-garde osloïte, ainsi de Jon Vogt Engeland et de ses œuvres caustiques. Pascale Béroujon
Sur la presqu’île de Tjuvholmen, l’art s’amuse partout, même dans ce parking souterrain où surgit, très néo-pop, un pied sculpté par Fredrik Raddum intitulé A Foot in the Grave (Un pied dans la tombe).
Sur la presqu’île de Tjuvholmen, l’art s’amuse partout, même dans ce parking souterrain où surgit, très néo-pop, un pied sculpté par Fredrik Raddum intitulé A Foot in the Grave (Un pied dans la tombe). Pascale Béroujon

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