« Nom : Alvaro Siza. Discipline : Le moins possible » Cette note manuscrite retrouvée sur l’un des cahiers de croquis de l’architecte constitue le point de départ de l’exposition qui retrace ses 65 ans de carrière. Une trentaine de projets sont présentés à Porto, dans le cadre de la Fondation Serralves : de ses premières réalisations dans sa ville natale de Matosinhos, à quelques kilomètres de là, à la tour résidentielle sur la 56e rue à Manhattan, sa seule construction à ce jour aux Etats-Unis.
Vingt ans après son inauguration, le Musée d’art contemporain de la Fondation Serralves rend donc hommage à celui qui a imaginé sa structure en béton et acier, ses perspectives, ses larges baies vitrées, ses espaces d’exposition… Pour l’architecte, difficile de trouver meilleur écrin pour ses maquettes et dessins qu’un édifice qu’il a conçu… Pour le visiteur, un dialogue s’instaure entre les projets qu’il découvre et le bâtiment dans lequel il déambule.
Né en 1933, Alvaro Siza est une figure majeure de l’architecture contemporaine portugaise, au rayonnement international. Piscine, restaurant, logements sociaux, centres culturels, immeubles d’habitation ou de bureaux, musées, maisons privées, stations de métro, églises… Son œuvre est riche et diverse. A 86 ans, il fait partie des architectes les plus primés au monde. Lauréat du Prix Mies van der Rohe en 1988, du prestigieux Prix Pritzker en 1992, du Premium Imperiale au Japon en 1998, du Lion d’or à la Biennale d’architecture de Venise en 2002 et en 2012, il a reçu cette année le Grand Prix d’architecture de l’Académie des beaux-arts de Paris pour l’ensemble de son parcours.
S’il a construit en Chine, Allemagne, Portugal ou en Corée, en France pourtant, Alvaro Siza est très peu présent. S’il a officié comme urbaniste pour la ville de Montreuil, en banlieue parisienne, dans les années 1990, aucun bâtiment n’y porte sa signature. C’est seulement l’an dernier qu’il a inauguré son premier bâtiment dans l’Hexagone : l’église de l’Anastasis, en béton et marbre blanc, à Saint-Jacques-de-la-Lande, près de Rennes. Ce projet figure parmi ceux présentés à la Fondation Serralves, aux côtés d’édifices plus connus comme la faculté d’architecture de l’université de Porto, le pavillon du Portugal à l’Expo 98 de Lisbonne ou encore le Musée Iberê Camargo à Porto Alegre (Brésil).
« L’architecture d’Alvaro Siza est une joie pour les sens et élève l’esprit », déclaraient les membres du jury lors de la remise du Prix Pritzker en 1992. « Chaque ligne et chaque courbe sont placées avec habileté et assurance. » Très jeune, Álvaro Siza a été fortement marqué par les travaux d’Alvar Aalto (1898-1976). Comme l’architecte finlandais, il accorde une très grande importance à la lumière, à la nature et à l’environnement dans lequel s’intègrent ses constructions. Dans tous ses projets, on retrouve son souci du cadre. Le maître portugais le confesse volontiers : « Les architectes n’inventent rien, ils transforment la réalité… »
> « Alvaro Siza – IN/DISCIPLINE » À la Fondation Serralves à Porto (Portugal). Jusqu’au 2 février 2020.