Exposition : Aurélie Mathigot brode la réalité

« Il y aura une fois », ce poème d’André Breton, l’artiste Aurélie Mathigot le reprend à son compte dans une exposition de photos rebrodées exposées dans le Marais, à Paris jusqu’au 16 novembre.

Célèbre pour ses broderies qui mangent, envahissent objets du quotidien ou tapisseries, Aurélie Mathigot n’a jamais oublié la photographie, qu’elle a étudiée aux Beaux-Arts d’Aix-en-Provence, et qu’elle continue de pratiquer régulièrement. Pour sa nouvelle exposition, elle a investi la galerie Gosserez avec « Il y aura une fois », un accrochage à la beauté grinçante dont les photos agrandies forment des toiles de fond en mouvement qu’elle fige ensuite par un travail de broderie de perles et de tissus. Dans cette exposition exceptionnelle, elle a tout taillé, brodé, cousu, peint, photographié… de ses mains.

« J’adore te voir » d’Aurélie Mathigot. Dans l’exposition, les paysages horizontaux à la limite de l’abstraction côtoient des personnages flous..
« J’adore te voir » d’Aurélie Mathigot. Dans l’exposition, les paysages horizontaux à la limite de l’abstraction côtoient des personnages flous.. Photo DR

Au-delà de la photo, elle a fait de l’espace de la galerie Maison Parisienne initiée par Marie-Bérangère Gosserez, un véritable cabinet de curiosités composé de ses pièces douces amères, surréalistes parfois, poétiques toujours. Dans la première pièce, comme un bricolage de souvenirs, on retrouve un dentier nappé de peinture dorée, des couverts tricotés et des petits coquillages recouverts de fil doré qui sont accrochés sur un mur au pied duquel s’alignent une série de bouteilles en céramique émaillée. Echouées là, elles semblent avoir survécu à un cataclysme écologique…

Bouteilles en céramique échouées…
Bouteilles en céramique échouées… Photo DR

La seconde pièce présente des pièces extrêmement variées : un fagot de branchages figés par de la cire, une assiette de pâtisseries en laine cachées dans un cabinet en bois noir signé Valentin Loellmnan… Elle abrite surtout trois pièces majeures : la photo d’une tapisserie ancienne rebrodée, une tapisserie géométrique noire et blanche dessinée par ses soins et une immense grappe blanche de fruits au crochet et de paniers et d’épis de maïs en osier tressé. Un travail réalisé avec des femmes des favelas brésiliennes d’une pureté et d’une force immenses. Mais il faut aussi savoir se pencher sur les œuvres moins monumentales, sur ses dessins en hachures et en stries émaillées de petits poèmes à la limite du surréalisme mais toujours très émouvants…

Vue de l’exposition…
Vue de l’exposition… Marie Godfrain

> « Il y aura une fois », d’Aurélie Mathigot, jusqu’au 16 novembre à la Maison Parisienne. 16, rue de Montmorency, 75003 Paris.

La spectaculaire grappe de fruits brodés.
La spectaculaire grappe de fruits brodés. Marie Godfrain

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