Destroyers/builders : Découvrez la designer belge de l’année 2019

Née en 1987, Linde Freya Tangelder du studio Destroyers/Builders vient d’être sacrée Designer belge de l’année 2019 par la Biennale de Courtrai, institution qui récompense les figures émergentes d’un pays à la créativité toujours bouillonnante. Elle succède à des figures majeures de la discipline comme Muller & Van Severen, Vincent Van Duysen ou Alain Gilles. Découvrez-la grâce à IDEAT avant la grande exposition organisée à Courtrai en même temps que les débuts des festivités de Lille, capitale mondiale du design 2020.

Comment êtes-vous devenue designer ?
Linde Freya Tangelder (Destroyers/Builders) : J’ai étudié à la Design Academy d’Eindhoven. Dès mon premier jour là-bas, je me suis senti comme chez moi. La directrice de mon département était Ilse Crawford et un de mes professeurs Aldo Bakker. Nous avions toute liberté pour expérimenter avec différents matériaux et formes. Bref, c’était vraiment un environnement rêvé pour développer ma propre vision du design. Dès le début de mes études, j’ai su que je voulais créer mon propre studio. J’ai choisi de m’installer en Belgique parce que c’était un cadre très inspirant, notamment par son architecture. Le pays est moins organisé que les Pays-Bas, où j’ai grandi, plus chaotique, et cela colle mieux à ma personnalité.

Linde Freya Tangelder, fondatrice du studio Destroyers/Builders.
Linde Freya Tangelder, fondatrice du studio Destroyers/Builders. Photo DR

Où êtes-vous installée ?
J’ai fondé mon studio Destroyers/Builders à Bruxelles en 2015 mais je voyage beaucoup pour surveiller la fabrication de mes créations. Je travaille donc souvent au sein d’ateliers de menuiserie et de métallerie pour rester le plus proche possible de mes créations, jusqu’à la finition. Je fais également partie du collectif de designers belges Brut. On travaille ensemble un jour par semaine dans un atelier partagé à Bruxelles.

Quels sont vos sources d’inspiration ?
Ma source d’inspiration principale, ce sont les éléments et les matériaux d’architecture, qu’elle soit historique ou contemporaine. C’est vraiment central dans mon travail. Je suis aussi inspirée par les sens en général. On pourrait résumer ma démarche ainsi : comment concevoir des objets sensibles avec une composante architecturale ?

Lit de jour Archetyping (23017, Nilufar).
Lit de jour Archetyping (23017, Nilufar). Matteo Bartoli

Vous cherchez également à concilier industrie et fait-main…
J’essaie en effet de fusionner ces deux opposés et de faire émerger de la beauté de ce mélange. Cet équilibre entre geste humain et technique industrielle est au cœur de ma démarche.  

Quels sont vos matériaux fétiches ?
J’utilise plein de matériaux différents ! En premier, je citerais la brique, car j’aime extraire un matériau de son contexte architectural et le transposer dans le design. J’aime aussi beaucoup l’aluminium, le cuivre, la pierre… Certains sont plutôt courants en design, mais j’essaie de leur apporter quelque chose de nouveau par la finition. Idem pour le bois qui peut être massif, laqué, aggloméré… Quand ils découvrent mon lit de jour Archetyping, certains pensent que c’est de la pierre, d’autres du métal… En réalité, j’ai utilisé un aggloméré que j’ai ensuite laqué et creusé à la main. Cela illustre bien ma démarche : je prends un matériau industriel et, en lui appliquant un traitement artisanal, je le transforme en quelque chose de nouveau, impossible à identifier.  

Etage, un système d’étagères qui décline chêne, cuivre, aluminium… (2019, Valerie Objects).
Etage, un système d’étagères qui décline chêne, cuivre, aluminium… (2019, Valerie Objects). Photo DR

Quelle place joue la Nature dans vos créations ?
Je ne suis pas inspiré par la forme des végétaux, car pour moi, la Nature est quelque chose chose d’immatériel. La Nature est présente dans mes créations par le facteur humain, le geste de ma main.

Pourquoi pensez-vous que le jury de Courtrai vous ait choisie ?
Je travaille à la fois sur des pièces uniques pour des galeries et des objets plus industriels, notamment pour l’éditeur Valerie Objects. Je pense que le jury a apprécié que ma pratique se faufile entre les deux, une tendance de fond dans le design contemporain. 

> Exposition à Courtrai (Belgique) à partir du 13 décembre 2019. 

Les tabourets Windows of Bo Bardi s’inspirent d’un bâtiment de l’architecte italo-brésilienne à São Paulo (2019).
Les tabourets Windows of Bo Bardi s’inspirent d’un bâtiment de l’architecte italo-brésilienne à São Paulo (2019). Eline Willaert
Bolder Chair II, fauteuil en cuivre et pierre (2019).
Bolder Chair II, fauteuil en cuivre et pierre (2019). Photo DR
Les tabourets Horn Variations s’emploient à reproduire l’aspect de la corne avec de la laque (2018).
Les tabourets Horn Variations s’emploient à reproduire l’aspect de la corne avec de la laque (2018). ©Alexander Popelier

 

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