Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Nicolas Garet (Boqa) : Nous tenions à participer à la promotion 2019 de l’Incubateur et c’est le VIA qui a joué les entremetteurs. Parmi les profils qu’ils nous ont présentés, nous avons trouvé que le travail de Margaux correspondait bien à l’esprit de Boqa : une certaine douceur, un côté très poétique, très rond… Par le passé, nous avions déjà collaboré avec des graphiste, architecte et designers, mais à chaque fois, c’était pour une pièce précise (banc, luminaire…). Quand nous nous sommes rapprochés du VIA, nous voulions aller plus loin qu’un simple développement produit et créer toute une collection, avec une histoire, ce qui était cohérent avec l’accompagnement global proposé.
Margaux Keller : Pour ma part, je connaissais bien sûr Boqa – qui ne les connaît pas ? – pour leur travail de réédition du célèbre fauteuil Acapulco.
Quel fut le brief de départ ?
N.G. : Aujourd’hui, l’identité de Boqa, c’est d’abord le fil. Notre catalogue comporte une cinquantaine de références qui déclinent cette technique. C’est un savoir-faire identitaire de la marque et Margaux se devait donc de la placer au cœur de son projet.
Quel a été le point de départ de votre travail ?
M.K. : Je connaissais l’image très forte de l’Acapulco et je voulais donc créer des pièces qui entretiennent un rapport étroit avec cette icône. La première étape a été de dessiner des propositions d’assises, en m’inspirant de cette forme très archétypale avec ses fils tressés en corolle. C’était quelque chose avec lequel j’avais envie de jouer. Lors de cette première étape, je me suis focalisée sur le dessin, pas le tressage car j’avais envie d’être très libre. J’ai commencé par dessiner la structure en acier sans avoir visité les ateliers, ni approché les artisans. J’ai fait un premier jet de dessins et j’ai pris un avion pour Bordeaux. Et là, ça a été très intéressant car on a pu confronter la fraîcheur, l’innocence de ces dessins avec la réalité des savoir-faire de Boqa en matière de tressage…
Qu’avez-vous réalisé avec cette visite ?
M.K. : Un monde s’est ouvert à moi car je me suis rendu compte que de la forme de la structure en acier allait découler un certain type de tressage. S’il y a des accoudoirs ou pas, ou un ovale découpé dans le dossier – comme c’est le cas sur ce modèle – on va pouvoir se permettre des choses différentes. Si le dossier est fermé, cela laisse moins de fantaisie. Je me suis rendu compte qu’en ajoutant des détails à la structure, on allait pouvoir s’amuser. C’était la deuxième étape du projet : la mise au point du tressage et du jeu de couleurs des fils. Cela s’est passé dans un esprit workshop : j’étais sur place, j’ai essayé de tresser moi-même – le résultat était peu concluant car c’est difficile, il faut à la fois de la force et de l’habileté. Cela a donné un second souffle à la création et je suis repartie dans mon avion avec plein de nouvelles idées pour que visuellement, le tressage soit mieux mis en valeur.
Comment a été mise au point la palette de couleurs de cette collection « Nacre » ?
M.K. : On a fait des tests sur place durant le workshop. Comme nous élaborons une collection principalement outdoor (même si les chaises fonctionnent aussi à l’intérieur), je voulais une palette qui s’inspire de la Nature, du règne végétal. On a donc une prédominance de verts. Comme on a baptisé la collection « Nacre », ils sont mélangés avec une touche de rose qui rappelle l’inspiration originelle. Il y a vraiment un côté coquillage, les stries du coquillage, le côté corolle. Ce rose permet d’amener un peu de féminité, de brillance à la nacre.
Quel a été l’apport du VIA sur ce projet ?
N.G. : Le VIA organise des workshops quasi mensuels avec différents intervenants sur de nombreux sujets : tendances, évolution de l’art de vivre, marketing, réseaux sociaux, nouveaux matériaux… Des interventions de qualité qui nous ont ouvert l’esprit. Pas forcément sur le processus de création en lui-même, mais sur l’accompagnement.
Quel avenir pour la collection « Nacre » ?
N.G. : Les trois modèles exposés au VIA sont encore des prototypes qui vont être affinés jusqu’en janvier. Et d’ici là, en fonction du temps qu’on aura, on va sans doute développer des compléments à ces modèles : tables, tabourets… sont envisageables. L’objectif est de les lancer en janvier pour le salon Maison & Objet. Fabriquant en France, nous sommes très réactifs dans la production et pourrons livrer dès le printemps…