De Shoreditch à Brompton en passant par King’s Cross, le London Design Festival investit cette année onze quartiers de la capitale britannique. Mais la manifestation n’en délaisse pas pour autant son épicentre historique. En accueillant pas moins de 27 projets, le Victoria & Albert Museum multiplie les signatures et les médiums, notamment pour se pencher sur les enjeux planétaires actuels.
11 quartiers, 1 QG
Baptisée Avalanche, l’installation immersive du Canadien Matthew McCormick nous alerte sur les dérèglements climatiques, tandis que la nature se transforme en relique sacrée avec Rony Plesl. Dans une section consacrée à l’art religieux, le designer tchèque présentes des branches réalisées en verre transparent ou phosphorescent. Un look radioactif à la fois déjanté et inquiétant, qui souligne les dangers de la pollution à l’image de Sam Jacob et de son installation Sea Things.
S’il s’apprête à transformer l’entrée du V&A de façon pérenne, Sam Jacob accueille pour l’instant les visiteurs avec un cube de verre suspendu au plafond. A la manière d’une épée de Damoclès, la vidéo qui s’y reflète met en garde contre la dégradation des océans, tout en usant de couleurs et de graphismes teintés d’optimisme. Mais la véritable note d’espoir vient de Kengo Kuma. Dans la cour centrale du musée, l’architecte japonais démontre la possibilité d’une nouvelle harmonie entre nature et architecture.
« Au XXe siècle, le béton et l’acier nous ont procuré du stress. Aujourd’hui, il est temps de trouver de nouveaux matériaux et une nouvelle géométrie. » Kengo Kuma
Déjà adepte du bambou et de la fibre de carbone, Kengo Kuma combine aujourd’hui ces deux matériaux au sein de Take-Wa. Entre architecture et sculpture, cette structure explore sous un nouveau jour la souplesse, la précision et la légèreté offertes par le bambou. Couplées à des tiges en fibre de carbone, les tiges du matériau traditionnel multiplient leur résistance par 10 et tissent un nid qui pourrait bien ouvrir de nouveaux débouchés, beaucoup plus durables, dans le secteur de la construction.
De durabilité, il en est également question à travers l’exposition « Legacy ». A cette occasion, John Sorrel, Président du London Design Festival, a invité les dirigeants des plus grandes institutions culturelles de la ville à collaborer avec un designer. Le but ? Commander un meuble qu’ils puissent léguer à leurs proches ou à l’établissement qu’ils dirigent. Nostalgique des cartes postales, Hans-Ulrich Obrist a ainsi demandé au Studiomama d’imaginer des boîtes aux lettres pour la Serpentine Gallery.
A coté d’un miroir signé Max Lamb pour Maria Balshaw, directrice de la Tate, le studio Raw Edges s’illustre, lui aussi, à travers un présentoir conçu pour accueillir les livres d’art de Iwona Blazwick, à la tête de la Whitechapel Gallery. Quant à Marlène Huissoud, elle poursuit son travail autour des insectes avec Beehave, une ruche destinée au directeur du Science Museum Group, et censée attirer les abeilles grâce à la résine qui recouvre le bois brûlé de son habitacle.