Depuis 2017, les Ateliers Emmaüs poursuivent la mission de l’abbé Pierre en produisant des meubles de manière éthique et durable. Epaulée dans cette mission par l’Incubateur French Design, la jeune maison d’édition dévoile en cette rentrée sa première collection dans les espaces du VIA, notamment la famille Smala imaginée par Ionna Vautrin. A cette occasion, la designer a accepté de répondre à nos questions, à l’image de Simon Boldrini, co-fondateur du studio Notaroberto-Boldrini, récemment nommé à la direction artistique des Ateliers Emmaüs.
Comment est née cette collaboration ?
Ionna Vautrin : Les Ateliers Emmaüs m’ont contactée il y environ deux ans, en m’expliquant de façon assez méthodologique leur démarche et leurs intentions. J’ai tout de suite été intéressée par le projet. A partir de là, la collaboration s’est faite assez simplement.
Simon Boldrini : A l’époque, les Ateliers Emmaüs ambitionnaient tout juste de devenir une maison d’édition. Pouvoir collaborer avec des designers aussi reconnus que Ionna Vautrin, Ferréol Babin ou le studio 5.5 a été une vraie chance. Je crois pouvoir dire qu’ils ont été séduits par le caractère éthique et social de cette démarche.
Quel était le brief de départ ?
Ionna Vautrin : Le but était de concevoir une pièce à partir des déchets issus de l’industrie de la menuiserie. L’idée était également de créer des objets assez simples en termes de réalisation, afin d’initier des personnes en situation précaire aux bases de la menuiserie. Les Ateliers m’ont présenté les types de matériaux et les machines à leur disposition, ainsi que les différentes possibilités de finition. Il s’agissait finalement d’un brief assez technique, sinon j’avais carte blanche pour développer une proposition.
D’où vient l’idée des statuettes Smala ?
Ionna Vautrin : Les Ateliers Emmaüs récupèrent beaucoup de tasseaux assez larges et j’aimais bien l’idée de travailler du bois massif. Les Ateliers ayant déjà présenté un « gros » meuble (Le module Henri, NDLR), j’avais envie de proposer une petite pièce « coup de cœur », pas forcément utile mais qui fasse écho à la grande famille qu’est Emmaüs. Je suis vite partie vers des figurines, avec une surface assez brute pour qu’on voie vraiment le bois, tout en apportant de la couleur pour un aspect frais et joyeux.
Comment la famille Smala s’intègre-t-elle à la nouvelle collection des Ateliers Emmaüs ?
Simon Boldrini : Visuellement, les statuettes se démarquent par un aspect légèrement plus doux, moins brut, avec de la rondeur. On reconnaît également l’idée d’anthropomorphisme, de personnification de l’objet, qui caractérise le travail de Ionna. Aujourd’hui, les statuettes sont le totem de la marque.
Un mot sur le choix des couleurs ?
Ionna Vautrin : Ce n’est pas moi qui les ai choisies mais je trouve qu’elles conviennent très bien à l’esprit enjoué des figurines.
Simon Boldrini : Dans un soucis de cohérence, nous avons décliné les mêmes coloris sur les pièces de Ferréol Babin, du Studio 5.5 et de Ionna. Il s’agit de couleurs qui ont du caractère, avec une saturation assez élevée pour rendre les objets encore plus sympathiques.
A quelles techniques les apprentis menuisiers vont-ils pouvoir se former grâce à ces statuettes ?
Simon Boldrini : Ils pourront aborder la découpe classique et la fabrication de congés (angles doux et arrondis, NDLR).
Comment envisagez-vous l’avenir de cette collaboration ?
Ionna Vautrin : On peut imaginer que les visages des statuettes changent au fil du temps. L’idée était de créer un support qui puisse vivre et évoluer au cours des prochaines années. On songe également à un deuxième projet, qui pourrait faire appel à d’autres déchets industriels…
> « Exposition Incubateur French Design 2019 ». Galerie le French Design by VIA. 120, avenue Ledru-Rollin, 75011 Paris.