Ivan Pozdnyakov est un adepte du « Less is more » cher à Ludwig Mies Van der Rohe. A travers ses projets, ce jeune architecte d’intérieur russe cherche à construire des espaces autour d’une parfaite complémentarité des différents éléments. Dans ce deux-pièces de Moscou, jouer la carte de la monochromie constituait un pari risqué mais il a brillamment relevé le défi.
Sur les murs, le blanc voisine avec des touches de gris clair et de noir, dans une harmonie qui évoque le style scandinave. Cependant, ici, ce sont les matériaux utilisés qui évitent l’écueil monacal. « J’apporte toujours un soin particulier aux détails, aux finitions », souligne Ivan. En effet, ce qui fait la singularité des lieux, c’est l’utilisation de différentes textures, comme dans la cuisine parée de surfaces lisses ou ornementées, alternant le mat et le brillant.
Cette sobriété des formes et des couleurs est également de mise dans la salle d’eau. La géométrie prônée dans les autres pièces se retrouve dans les miroirs, les rangements mais aussi la vasque. Tel un jeu de construction, ces modules rectangulaires s’alignent, se succèdent provoquant une certaine symétrie, renforcée par la présence d’un miroir d’angle. « J’utilise souvent des miroirs dans mes projets car ils permettent de transformer, d’agrandir et même de modifier la configuration d’une pièce », confie-t-il.
Le mobilier mêle avec justesse des pièces récentes et d’autres iconiques. On peut ainsi voir des pièces de jeunes designers côtoyer des grands noms du design, tels Vico Magistretti, Philippe Starck ou Eugéni Quitllet… Dans la cuisine, on retrouve deux buffets laqués comme flottant au milieu de la pièce, qui dissimulent tout le matériel. De la robinetterie à la plaque de cuisson en passant par la hotte, l’électroménager se fond dans cette composition minimaliste. L’ensemble est relevé par les luminaires de Monika Mulder et la table ronde signée Marc Krusi dont la courbe fait écho à celle de la hotte.
Quand on découvre les lieux, l’œil est rapidement frappé par la clarté de l’appartement. Qu’elle traverse les rideaux blancs ou qu’elle se reflète dans les miroirs, la lumière est omniprésente. Cet éclairage diffus participe de l’ambiance douce et chaleureuse. À travers de subtils détails, Ivan Pozdnyakov a corrigé la volumétrie des pièces. Tantôt il installe des lignes noires verticales qui étirent la pièce vers le haut, tantôt il utilise des empiècements de papier peints à l’horizontale pour l’élargir. Bref, l’architecte d’intérieur sait distiller une monochromie qui évite la monotonie…