A Venise, Carpenters Workshop Gallery brouille les frontières entre art et design

La biennale d’art de Venise, qui vient d’ouvrir ses portes, est l’occasion pour la Carpenters Workshop Gallery de présenter une sélection de pièces récentes qui naviguent aux confins de l’art contemporain et du design. Au total, ce sont plus de 50 œuvres signés de 23 artistes qui constituent l’exposition « Dysfunctional ».

Née à Londres, avant d’essaimer à Paris, New York et San Francisco, la Carpenters Workshop Gallery a pris ses quartiers d’été dans le sublime palais Ca’ d’Oro, au bord du Grand Canal. Elle y présente une cinquantaine d’œuvres au milieu de l’incroyable décor de ce palazzo du XVe siècle et de la collection de peintures et sculptures Renaissance et baroque réunies par le baron Giorgio Franchetti.

Installation « Inside a forest » de Nacho Carbonell.
Installation « Inside a forest » de Nacho Carbonell. Carpenters Workshop Gallery

En faisant se télescoper les époques et les savoir-faire artistiques, « Dysfunctional » suscite un dialogue parfois étonnant, parfois déstabilisant, souvent d’une incroyable naturalité. La première pièce, signée Nacho Carbonell donne le ton : instagrammable à mort. Mais pas que, très loin s’en faut ! Cette forêt lumineuse illumine le patio et établit un premier dialogue avec l’architecture du palazzo, ses mosaïques et ses chapiteaux antiques.

Tabourets Ocean Memories de Mathieu Lehanneur.
Tabourets Ocean Memories de Mathieu Lehanneur. Carpenters Workshop Gallery

Plus haut dans les galeries, Mathieu Lehanneur a livré un étonnant travail autour de la montée des eaux sur différents marbres irlandais ou iraniens qui reproduisent précisément la surface d’un océan. Dans le même esprit, Virgil Abloh s’est inspiré de l’acqua alta, ce phénomène météorologique qui inonde (de plus en plus) régulièrement les rues de la Sérénissime.

Mobilier de la collection « Acqua Alta » de Virgil Abloh (Carpenters Workshop Gallery).
Mobilier de la collection « Acqua Alta » de Virgil Abloh (Carpenters Workshop Gallery). Carpenters Workshop Gallery

Le créateur américain a imaginé un mobilier outdoor plein de poésie puisque les assises en bronze poli paraissent échouées, comme des navires sur cale autour d’un phare doré lui aussi sur le flanc. Dans un grand écart dont il a fait sa marque de fabrique, celui qui se considère comme un designer avant d’être un spécialiste de la mode lancera plus tard cette année une collection pour la maison avec IKEA…

Les bulles de verre des Verhoeven Twins dans la loggia de la Ca’ d’Oro.
Les bulles de verre des Verhoeven Twins dans la loggia de la Ca’ d’Oro. Carpenters Workshop Gallery

Dans le reste de l’exposition « Dysfunctional », les pièces, pour la plupart réalisées sur commande auprès de 23 artistes, poursuivent le dialogue avec l’art et l’architecture du Ca’ d’Oro. Les Verhoeven Twins ont choisi de jouer avec l’architecture ciselée de la loggia avec un somptueux travail autour de poétiques bulles de savon en verre soufflé. Studio Drift une installation qui répond avec une justesse implacable à un Saint Sebastien d’Andrea Mantegna… Faisant de Dysfunctional l’une des plus belles expositions à voir en marge de cette Biennale.

Horloge habitée de Maarten Baas.
Horloge habitée de Maarten Baas. Carpenters Workshop Gallery

> « Dysfunctional », à voir jusqu’au 29 novembre 2019 au Ca’ D’Oro, Cannareggio 3932, Venise.

L’installation de Studio Drift et le saint Sébastien d’Andrea Mantegna.
L’installation de Studio Drift et le saint Sébastien d’Andrea Mantegna. Carpenters Workshop Gallery