S’il enchaîne les collaborations avec Google, Bang & Olufsen, Samsung, Nike ou Vitra, Benjamin Hubert signe avec « Raytrace » sa première installation au Salon de Milan. Réalisée pour le fabricant espagnol Cosentino, elle dessine un espace immersif afin de mettre en scène une nouvelle gamme de surfaces baptisée « Dekton ». Aussi compact que résistant avec ses 4 mm d’épaisseur, « il s’agit d’un produit normalement utilisé pour les cuisines. Mais on a voulu illustrer son potentiel architectural » introduit le designer londonien devant un tunnel de 25 mètres de long, bâti avec des panneaux qui dépassent les 3 mètres de haut, soit l’immense majorité des formats proposés par les fabricants.
Composé d’un subtil mélange de matières brutes, d’habitude utilisées pour fabriquer de la porcelaine, du verre et des surfaces en quartz, « ce matériau naturel est réalisé grâce à un nouveau procédé qui ne nécessite plus d’utiliser d’eau. Et d’un autre coté, ce qui amène l’architecture à la vie, c’est la lumière. Ces deux éléments, l’eau et la lumière, nous ont alors donné l’idée de créer cet environnement aux reflets aquatiques, à la fois apaisants et en mouvements. » poursuit le fondateur du studio Layer, jamais avare d’idées lorsqu’il s’agit de mêler esthétique et technologie.
En rotation au sommet de la structure triangulaire, 29 globes en verre massif, légèrement bosselés et modelés par des algorithmes, reproduisent avec exactitude les formes organiques des gouttes d’eau pour distordre les rayons des projecteurs fournis par le Britannique TM Lightning. L’effet est aussi saisissant que convaincant. La sensation d’immersion invite à la contemplation et offre un répit dès plus mérité face à l’effervescence qui rythme Ventura Centrale et sa série d’installations, abritées par les anciens entrepôts de la gare de Milan.
A seulement 500 mètres de là, au sein de l’exposition organisée par le magazine Wallpaper, le designer multi-récompensé se distingue également avec Pal, un prototype de trottinette électrique élaboré avec la marque chinoise Nio. Dotée de bagages amovibles mais surtout d’intelligence artificielle, cette solution aux problèmes d’inter-modalité s’inscrit dans les recherches actuelles portées sur les véhicules autonomes en prenant en charge toute la navigation.
Un intérêt pour l’innovation qui ne perd pas de sa vigueur dans le secteur du mobilier, comme en témoigne la présentation de Tape Tech, la nouvelle version d’une collection de sofas modulaires éditée par Moroso depuis l’année dernière. Pour tirer parti des chutes de textiles, trop petites pour être réutilisées par la marque italienne, le designer a mis au point un système de bandes autocollantes qui permet de les ressouder. Un procédé aussi graphique qu’ingénieux, où s’illustre une fois de plus la beauté du progrès.