Audace ou folie ? Alors que les design weeks de Paris, Berlin, Stockholm ou le London Design Festival ne dépassent pas dix jours, le Madrid Design Festival s’installe, lui, en février pour quatre semaines non-stop. « Nous aimions l’idée d’un rendez-vous en début d’année et voulions un festival long car nous avons l’expérience de ce type d’événement », justifie son directeur, Álvaro Matías. La superstructure qu’il copilote, La Fábrica, déjà maison d’édition et librairie-galerie-restaurant du même nom, possède un vrai savoir-faire dans la création et l’organisation de projets culturels au long cours. Le plus prestigieux d’entre eux, PHotoEspaña, se tient pendant deux mois et demi dans plus de 60 lieux de la capitale.
Conçu avec un comité d’experts internationaux notamment composé cette année du Britannique Jasper Morrison, de l’Espagnol Ramón Úbeda et de la Française Nelly Ben Hayoun, le Madrid Design Festival s’inspire de ces réussites pour investir toute la ville. L’an dernier, le programme officiel donnait le tournis : plus de 200 rendez-vous, 320 designers et professionnels du secteur, 48 expositions et installations urbaines réparties dans 28 musées et lieux partenaires, pour un total de 163 000 visiteurs. La deuxième édition affiche les mêmes objectifs que la première : renforcer la visibilité de la discipline et imposer Madrid comme référence internationale.
Son QG, le Fernán Gómez Centro Cultural de la Villa, accueillera les trois grandes expositions consacrées cette année au packaging, aux symboles du design espagnol et aux liens entre ce dernier et l’artisanat contemporain. Un tout nouvel espace abordera les relations entre nourriture et design. Le volet professionnel s’oriente plus encore vers l’international, avec les conférences et ateliers du MadridDesignPRO, la remise du Rado Star Prize Spain à un jeune designer et la cérémonie des Madrid Design Festival Awards.
Un festival off complétera la programmation officielle avec ateliers, expositions et démonstrations de créateurs locaux, dans une quarantaine de boutiques et de galeries. Pour Álvaro Matías, « Madrid est un terrain fertile. Elle évolue beaucoup, ses quartiers changent et le design a un rôle crucial à jouer. Il fait partie de notre civilisation, de notre identité, de notre quotidien. Le festival en aborde donc toutes les composantes : design produit, graphisme, architecture, décoration intérieure… »
Une approche éclectique, volontiers pédagogique, qu’incarnait parfaitement l’exposition phare de la première édition, consacrée à Jaime Hayón : « Elle était très graphique, très accessible, inédite par son format et sa dimension, souligne le designer espagnol. C’était l’occasion de présenter mes projets pendant un mois, dans un lieu en plein centre-ville, à un public non averti qui n’est pas celui des musées. Et de lui montrer que le designer du XXIe siècle ne se contente pas de dessiner une forme, mais qu’il crée aussi un véritable univers. »
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