Après une restructuration du vignoble, c’est à la Quinta (ferme, en portugais) que Philippe Austruy a offert une véritable renaissance, confiée à l’architecte Pierre Yovanovitch qui signe là sa première construction. Les deux hommes se connaissent déjà, puisque Pierre Yovanovitch s’était vu confier le chantier de la Patinoire royale, à Bruxelles, la galerie d’art tenue par Valérie Bach, l’épouse de Philippe Austruy. Dans cette vallée du Douro, aux airs d’éternité et classée au patrimoine mondial de l’Unesco, où barques typiques rivalisent avec vieux villages et vignes centenaires, les deux hommes ont créé un lieu magique à l’identité forte, entre modernité et tradition, simplicité et raffinement, spectaculaire et fonctionnalité.
En haut d’une route pavée escarpée, la Casa, devenue maison d’hôtes, se mérite. Avec ses volets anciens, sa façade d’un blanc immaculé et ses fenêtres ourlées d’un jaune ocre chaleureux, la bâtisse du XIXe siècle accueille le visiteur comme un ami dans une maison de famille. Les différents propriétaires y avaient successivement laissé leur marque. Une authenticité que Philippe Austruy a souhaité conserver, confiant à l’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitch une rénovation tout en douceur. Afin que la Casa retrouve son éclat d’antan, il a opté pour des matériaux de la région : la pierre de schiste, le bois et les incontournables azulejos, jouent une partition aux couleurs des traditions locales.
Les salons et les douze chambres, en passant par la cuisine, dévoilent des murs blanchis à la chaux et des plafonds peints de doux coloris pastel aux accents délicieusement rétro. Petits salons intimes, bibliothèque chaleureuse chaulée de rouge brique ou encore salons de dégustation invitent à la détente dans une décoration hétéroclite. Un esprit « collection de famille », qui mêle avec bonheur pièces chinées, mobilier contemporain signé, français, italien ou scandinave, et créations exclusives de Pierre Yovanovitch.
Mais le domaine avait surtout besoin d’un nouveau chai, pour accueillir sa production de vins rouges. Sous le crayon de Pierre Yovanovitch, un nouveau bâtiment a vu le jour. Pour édifier ces trois étages surplombant le spectaculaire panorama, il a d’abord fallu creuser sur vingt mètres, à même la pierre de schiste. Au milieu des voûtes immaculées s’élève un majestueux escalier carrelé de faïence artisanale locale. Pensé pour s’inscrire en parfaite harmonie dans le paysage, le chai offre des vues spectaculaires, idéalement cadrées sur la rivière.
La chaux, le bois, le schiste et le béton forment un ensemble sans fioritures, dans une atmosphère presque mystique, créée par les puits de lumière stratégiquement positionnés par l’architecte d’intérieur. Un alliage précieux, scellé dans le porto et le vin, promesse d’une expérience authentique, unique et multiple à la fois, comme Philippe Austruy en a le secret. Le tout est sublimé par le travail d’orfèvre de Pierre Yovanovitch qui, s’il n’a cassé aucun mur, a su révéler la beauté cachée de cette (très) belle endormie au bord du Douro. On en redemande !