Tout commence en 2012, quand Julie Richoz remporte le Grand Prix du festival Design Parade à la Villa Noailles avec son projet de fin d’études, les corbeilles en fils de métal Thalie (aujourd’hui distribuées par Artecnica). Formée à l’ÉCAL, la prestigieuse école de Lausanne, elle est alors repérée par le designer Pierre Charpin, qui l’embauche à mi-temps.
Débarquée à Paris, la Franco-Suisse fonde en parallèle son propre studio, afin de poursuivre des collaborations engagées avec, entre autres, le Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques (Cirva), à Marseille, la Manufacture de Sèvres (cité de la céramique) et Cogolin, qui avait montré le prototype à l’origine de la collection « Binaire » lors de l’événement des Designer’s Days, en 2014.
Quatre ans plus tard, ce travail aboutit enfin sur une édition, présentée dans le showroom parisien de la manufacture varoise. « De loin, on a l’impression d’une vibration, mais quand on se rapproche, on se rend compte qu’il s’agit bien d’un dessin », constate sur place Julie Richoz, qui s’est inspirée du look des tapis berbères traditionnels qu’elle a en quelque sorte « pixellisés ». L’idée étant, selon elle, de « créer numériquement des motifs qui semblent au contraire naître de façon aléatoire, au fur et à mesure du tissage ». Car c’est bien le carton perforé, réalisé à partir du modèle fourni par la designer, qui a guidé les ouvrières de Cogolin, à l’œuvre sur des métiers Jacquard datant du XIXe siècle.
L’artisanat contemporain ? Un vrai thème pour Julie Richoz, qui vient de finaliser la production d’objets en laque faits à la main, à Taïwan. Son dada ? Les éléments plats dont elle obtient des volumes, une fois pliés et/ou reliés les uns aux autres. L’an dernier, elle est aussi partie en résidence au Mexique, dans la région d’Oaxaca, où elle a pu faire fabriquer par des artisans ses paravents en palme tressée. « Là-bas, le travail manuel est ancré dans le quotidien et participe à l’économie au même titre que la pêche. Il n’y a pas de surenchère dans la qualité d’exécution comme en Europe, où seuls les savoir-faire exceptionnels ont été conservés », estime-t-elle, d’autant plus fière de son passage chez Cogolin. « C’est la seule fois où j’ai contacté une entreprise, ensuite la démarche s’est faite dans l’autre sens », assure timidement celle qui, à moins de 30 ans, a déjà inscrit dans son portfolio des noms d’éditeurs prestigieux tels que Tectona, Alessi ou Louis Poulsen.