À Boom, commune flamande à mi-chemin entre Anvers et Bruxelles, Ethnicraft accueille désormais les professionnels de l’hôtellerie, de la restauration et de l’architecture dans un showroom entièrement réagencé à l’automne dernier. Une vitrine de 1 200 m2 où s’étale tout le répertoire de la marque, largement diversifié depuis ses débuts en 1995. Suite au succès de ses premières vitrines et bibliothèques, c’est au tour des lits, tables, chaises et buffets de mettre en avant les deux racines de son ADN : les techniques de l’artisanat indonésien mises au service du bois massif.
Anciens importateurs d’objets d’art et de mobilier indonésiens, Benoit Loos et Philippe Delaisse s’appuient depuis plus de vingt ans sur le savoir-faire de l’archipel pour façonner leur vision contemporaine du mobilier. D’abord en teck, avant de s’ouvrir au chêne puis au noyer, leurs collections s’agrandissent peu à peu jusqu’à intégrer l’univers de la salle de bains en 2014. Une étape de plus, deux ans après la création du Studio Ethnicraft qui se consacre depuis à l’aménagement d’espaces spécifiques, comme les cafés Starbucks ou les hôtels Four Seasons.
En perpétuelle évolution sans jamais se départir de son ADN, Ethnicraft poursuit sa quête de « formes simples et contemporaines, même si l’on tend aujourd’hui vers des lignes plus travaillées, fines et légères », selon les mots d’Alain Van Havre, le designer historique du studio interne, autant inspiré par l’art, l’architecture et la sculpture contemporains que le travail de Hans J. Wegner : « Nous avons une démarche assez proche de la sienne, en essayant d’apporter plus de souplesse et d’esthétisme au bois massif, longtemps cantonné à une approche fonctionnaliste avant d’être délaissé au profit du plastique et du contreplaqué et de faire son grand retour au début des années 2000. ».
Dans l’atelier de prototypage qui jouxte le showroom et son bureau, l’auteur de la chaise Facette défend « une conception atypique, en étroite collaboration avec un luthier qui réalise tous les projets en maquette ». C’est pour lui « une manière d’interagir avec la matière, absente des modélisations en 3D et pourtant essentielle, tant pour ajuster le dessin des prototypes que pour raccourcir les étapes de développement, en supprimant au plus tôt les erreurs de conception ». Un procédé sensible et pragmatique utilisé pour une prochaine armoire aux « biseaux fonctionnels, qui créent des jeux d’ombres et de lumière et lui apportent une dimension supplémentaire ».
Contrairement à ses concurrents, Alain Van Havre ne cherche pas forcément à incarner un esprit scandinave, « mais plutôt à s’éloigner des surfaces hyper épurées, dont le climax a été atteint autour de 2005. “Less is more” est devenu “Less is a bore”. Aujourd’hui, il faut retrouver l’ornement juste. » Et c’est justement le credo d’Ancestors, la ligne haut de gamme lancée par Ethnicraft au dernier salon de Milan. Gravées à la main, les tables basses, bancs et consoles du designer Carlos Baladia arborent un relief aussi tribal qu’expressif, inspiré de la culture Tabwa d’Afrique Centrale. Comme un retour aux sources pour la marque aux origines ethniques et artisanales…